La Méduse : Réapprendre à lire
"Ça fait cinq ans que je suis moins comédienne, alors voilà une occasion de m’y remettre plus sérieusement." Johanne Fontaine, qui ces dernières années consacrait presque tout son temps à la prenante émission Les Copines d’abord, foulait à nouveau les planches l’été dernier aux côtés de Luc Chapdelaine dans Les Papillons de nuit, une pièce de Michel Marc Bouchard. Maintenant plus disponible, elle commence le tournage de La Nouvelle France, un film de Jean Beaudin, au même moment où elle s’attaque à La Méduse, pièce pour laquelle elle nous rencontrait. La compagnie Chihuahua Blues, qui produit l’événement, est une jeune société en nom collectif qui a pour mission de faire connaître des pièces, au public comme aux acheteurs de spectacles, par le biais de mises en lecture vivantes, dynamiques et colorées. "Tout ça a vraiment lieu grâce à la persévérance, à la détermination, à l’énergie et au travail de Philippe Paquin", nous explique la comédienne qui tient un des rôles-clés de La Méduse, écrite et mise en scène par Philippe Paquin. Ce dernier, un comédien passé par l’Option-théâtre de Sainte-Thérèse, semble s’orienter, du moins se concentrer, sur ces aspects du théâtre davantage que sur le jeu. "D’accord, il s’agit bien d’une mise en lecture. Mais on parle ici d’une présentation très théâtrale, appuyée de musique, d’effets sonores et de chants. Il y a aussi un minimum d’éclairages, de décor et de costumes. Philippe voit grand, et ça semble lui réussir."
Évidemment, avec huit comédiens sur scène, trois chanteurs, une musique originale et tant d’efforts réunis, il est clair qu’on espère attirer l’attention du milieu artistique. Le mandat est manifeste: tâter le pouls d’un véritable public et présenter l’oeuvre pour l’amener sur le chemin de la production et de la diffusion, qu’elle obtienne finalement le soutien qu’elle mérite. Pour l’amateur de théâtre, voilà une belle occasion de participer à l’élaboration d’un projet artistique tout en assistant à un véritable spectacle de création dans un contexte, disons, plus intime qu’à l’habitude. Généralement, les spectateurs apprécient beaucoup ce genre de contact avec le théâtre, une forme de work in progress qui permet d’aborder le texte d’une manière plus intérieure. "Philippe Paquin est un nouveau dramaturge talentueux (c’est sa première pièce), doublé d’un être très organisé. Non seulement il arrive à faire six présentations d’une mise en lecture (je ne me souviens pas d’avoir vu un tel exploit, poursuit Johanne Fontaine), mais il arrive aussi à obtenir des commanditaires et une salle telle que La Balustrade!" La Balustrade est une salle du Monument-National, boulevard Saint-Laurent, une espèce de théâtre de poche de 55 places. Aux allures baroques, elle est pourtant dotée d’équipements techniques conformes aux exigences des productions professionnelles en théâtre, en musique ou en chanson.
L’histoire se passe en trois tableaux. Trois soirs où l’on suit Sharon Bédard, une secrétaire-comptable de 33 ans qui travaille dans les assurances, au service d’une multinationale. La Méduse, c’est le bar in où elle se tient tous les soirs, où le public, voyeur, la voit entrer vers 20 h 30. Et elle boit. Tout le monde boit. Il y a là le gérant qui parle, la cigarette girl, des clients, et, peu à peu, elle finit par communiquer avec tous ces gens. Elle a toutes sortes d’histoires: avec son patron, sa soeur (une espèce de maniacodépressive) et avec sa mère, une marâtre (Johanne Fontaine), ancienne chanteuse populaire des années 60 et 70. La distribution comprend Chantal Valade, Julie Ménard, Rosalie Julien, Audrey Talbot, Daniel Belley, Martin Fortier et Érik Duhamel. Si l’heure avance dans l’alcool, les comédiens devront s’ajuster subtilement… Une lecture à voir.
Les 2, 3, 4 et 10, 11, 12 octobre
Au Monument-National
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