William Forsythe : Corps politique
Pour une dernière fois à la barre du Ballett Frankfurt, WILLIAM FORSYTHE nous offre à voir, en clôture de la 11e présentation du FIND, quatre magnifiques pièces tirées de son répertoire.
À cause d’une mésentente avec la mairie de Francfort, William Forsythe ne dirigera plus le Ballett Frankfurt. C’est une perte pour l’Allemagne, à qui le chorégraphe a donné près de 30 ans de sa vie, mais peut-être un gain pour un autre pays, comme le laissaient sous-entendre ses propos, rapportés dans la revue Les Inrockuptibles: "Je pense que si on peut réussir ce que nous réussissons à Francfort, alors on peut le faire n’importe où dans le monde." Selon cet Américano-Allemand, les coupures drastiques dans la culture et l’esprit plutôt conservateur des politiciens locaux seraient devenus des obstacles gênants au maintien de sa philosophie artistique qui prône l’innovation, l’audace et l’ouverture… Et après cela, certains nous diront encore que l’art n’est pas politique. "Tout est politique! L’arbre, la rivière, la rue, le village…", comme l’avançait avec conviction Gilles Vigneault, lors d’un récent documentaire télévisé.
William Forsythe préfère toutefois parler de son processus de création plutôt que de ses mésaventures avec les gestionnaires gouvernementaux. À ce compte, il exprimait en septembre 2002, dans la revue Mouvement, son désir de réintroduire l’idée du ballet comme forme de discours et non comme récitation formelle ou répétition. Et que ce discours sous-entendait la notion bien importante de présence du corps: "Si je bouge mes muscles, mes os et, par conséquent, la surface de ma peau, disait-il alors, je crée autour de moi une tension dans l’espace. Et cette tension produit une figure qui participe d’un lieu où je me suis déjà trouvé".
Ce discours gestuel, témoignant du passage du corps dans l’espace, lui sert à nommer, par un verbe charnel, maints thèmes liés de près à l’existence des êtres, comme la mémoire, le temps, l’espoir… pour n’en citer que quelques-uns. Les pièces N.N.N.N., The Room as it Was, Duo et One Flat Thing, Reproduced, qu’il nous présente pour deux soirées seulement, en livreront un exemple concret.
William Forsythe n’en est plus à sa première chorégraphie depuis déjà longtemps: il a signé jusqu’ici plus d’une soixantaine de pièces pour de nombreuses compagnies à travers le monde, dont évidemment le Ballet de Stuttgart, auquel il s’est joint de 1973 à 1983 et le Ballett Frankfurt, avec lequel il était depuis 1984.
C’est donc un homme d’expérience qui viendra nous parler des nouveaux moyens de production, lors d’un laboratoire de discussion qui aura lieu le jeudi 2 octobre (17 h), à la Société des arts technologiques. Étant le fondateur (1999) et directeur artistique du TAT (Theater Am Trum) – un ancien entrepôt de tramway converti en espace convivial de création et d’expression -, il sera en effet bien placé pour échanger, entre autres, autour du phénomène actuel des antispectacles se produisant souvent hors institution…
Les 10 et 11 octobre
À la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des arts