Envisager Cocteau : Tous pour un
Du 15 octobre au 1er novembre sera présenté au Théâtre La Chapelle, en collaboration avec le Théâtre de la Névrose!, l’événement Envisager Cocteau. Pour souligner le 40e anniversaire de la mort du célèbre écrivain français, créateur aux multiples talents (Jean Cocteau, né en 1889, est décédé le 11 octobre 1963), le Théâtre présentera des soirées hommage, souvent gratuites, les lundis et mardis, où défileront une trentaine d’artistes venus de diverses disciplines. Ils feront écho aux nombreuses expériences littéraires, picturales et scéniques de celui qui se définissait pourtant, essentiellement, comme un poète. Ayant pour maîtres Mallarmé et Rimbaud, cet homme de théâtre et de cinéma était également peintre et dessinateur, romancier et essayiste. Attiré par les courants à la mode, il cherchait toujours à saisir la profondeur de l’éphémère. Il participait à tout projet artistique qu’il jugeait stimulant, allant jusqu’à collaborer aux Ballets russes en 1912. Ce n’est donc pas un hasard si le Théâtre La Chapelle présente une telle formule autour de ce personnage complètement surréaliste.
Si Cocteau avait souvent recours à l’insolite et à l’anachronisme, il a également su investir le langage de la passion, notamment avec La Voix humaine, superbe monologue créé en 1932 à la Comédie-Française et adapté en oeuvre lyrique en 1959 par son ami de longue date, Francis Poulenc. Dans le cadre de l’événement, le metteur en scène Stéphane Saint-Jean présentera, du mercredi au samedi, sa version de La Voix humaine.
L’histoire, bien connue, met en scène une femme qui, abandonnée par son amant, a tenté de se suicider. S’accrochant au moindre espoir, elle parle au téléphone à l’homme qu’elle aime (qui doit se marier le lendemain) avec plus ou moins de cohérence. Souffrante, elle se sent trahie. Évoquant le passé et les bons moments, elle refuse la réalité, et finalement s’emporte. Quand la poussière retombe et que, apparemment calme, elle pose le récepteur, elle s’évanouit sur son lit. On assiste donc à une suite de phrases, souvent décousues, inachevées, ponctuées de cris. L’essentiel s’exprime plus aisément à travers la charge émotive et psychologique que par les mots, attachés à une certaine pudeur, une certaine dignité. Comme si dire clairement pouvait accentuer le côté définitif de l’affaire.
Alors qu’on a tendance à couper dans les distributions, Stéphane Saint-Jean (qui a monté White Trash en 2001) a choisi neuf interprètes pour rendre ce texte habituellement dit par une seule. Solange Alary, Stéphanie Blais, Ludger Côté, Julie Daoust, Christine Harvey, Marika Lhoumeau, Anne Paquet, Karine St-Arnaud et Julie Tremblay-Sauvé tenteront d’exposer différentes facettes d’une même personne, différents points de vue, différentes voix. Huit comédiennes et un comédien, donc, travailleront à même la fertilité de l’écriture de Cocteau pour en dégager le côté pluriel et universel. Le projet est ambitieux et peu banal; c’est aussi un beau prétexte pour visiter Cocteau!
Du 15 octobre au 1er novembre
Les lundis et mardis: soirées Hommage à Jean Cocteau
Du mercredi au samedi: La Voix humaine
Au Théâtre La Chapelle