Les Grands Ballets Canadiens de Montréal : www.cendrillon/version 2.003
Scène

Les Grands Ballets Canadiens de Montréal : www.cendrillon/version 2.003

Les Grands Ballets Canadiens de Montréal ont fait appel au chorégraphe belge STIJN CELIS afin qu’il leur concocte une version modernisée et originale de Cendrillon.

Ce récit de Charles Perrault, repris par Grimm et popularisé par l’empire Walt Disney, est un conte véhiculant des valeurs qui, on le sait, ne sont plus nécessairement au goût du jour. Or, quoi de plus rafraîchissant qu’un petit ménage de début de millénaire pour revoir et adapter une histoire ayant habité l’imaginaire de notre pure et innocente enfance…

Le projet correspond d’ailleurs à l’un des mandats que le directeur artistique des GBCM, Gradimir Pankov, s’est donnés depuis son arrivée à la compagnie, en 1999. "Les valeurs humaines modernes sont importantes, nous dit-il, et doivent se retrouver dans les pièces pour qu’il y ait possibilité de renouvellement et que la danse que nous proposons soit encore accessible à un large public." Il tient toutefois à préciser que revisiter une oeuvre ne veut pas dire tomber dans l’extrémisme révolutionnaire de vouloir saccager tout ce qui fait référence au passé. Car, selon lui, les plus vieux comme les plus jeunes doivent pouvoir se reconnaître à travers ce qui est véhiculé. "C’est d’ailleurs ça, la société, poursuit-il. Ce n’est pas juste des jeunes ou juste des vieux."

Quoi de plus universel que le sentiment amoureux pour réunir sous un même thème ces deux pôles temporels d’une même société? À ce compte, le chorégraphe nous a révélé lors d’une entrevue que sa nouvelle Cendrillon ne serait pas une victime – comme dans les versions précédentes – mais simplement une jeune femme ressentant le grand vide laissé par l’absence d’un amour maternel disparu.

La scénographie, conçue également par Stijn Celis, saura sans doute nous transporter au coeur de l’univers intérieur de la protagoniste. Il s’agit de meubles à l’aspect usé qui sortent du sol et dérivent sur scène tels des blocs erratiques, nous rappelant l’état d’errance et d’abandon dans lequel peut sombrer quiconque se retrouve détaché malgré lui de sa matrice originelle. Ne serait-ce pas notre histoire à tous?

"Je pars toujours d’une dynamique affective pour créer mes pièces, nous confie le chorégraphe. Je crois que c’est un bon moyen de faire apparaître le côté humain des personnages. Un côté auquel le spectateur pourra s’identifier." Dans la même optique, le créateur invité souligne qu’il s’est aussi attardé au phénomène de la chaussure, propre à ce conte. En effet, chaque personnage sera chaussé différemment, de façon à ce que chacun bouge de manière singulière. "Or, le pied, nous dit-il, c’est aussi ce qui nous lie au sol, à la terre… symbole de la fertilité, de la mère." Ingénieuse idée alors que ce rapport redéfini à travers le pas de danse!

Cette version "remixée" étant légèrement plus courte, vous nous serez donc pas étonnés d’apprendre que la musique originale de Prokofiev a été quelque peu modifiée, afin de s’ajuster à la nouvelle structure chorégraphique. Bonne redécouverte…

Les 16, 17, 18, 22, 23 et 25 octobre
Au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts

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