Cendrillon : Soleil de minuit
Scène

Cendrillon : Soleil de minuit

Le 16 octobre dernier avait lieu la première de Celle qui, dit-on, aurait perdu sa chaussure, l’histoire de Cendrillon revisitée par le chorégraphe d’origine belge Stijn Celis et dansée par les Grands Ballets Canadiens de Montréal. Le travail fut dans l’ensemble un succès, faisant réagir le public à maintes reprises. Entre autres quand, en plein milieu de la pièce, le rideau se ferme et nous laisse face à un seul interprète, personnifiant visiblement le père de Cendrillon. Celui-ci est assis sur un rouleau de gazon synthétique et, durant plus de cinq minutes, il s’affaire à simplement déguster une orange avec une concentration extraordinairement envoûtante. Ceci avec la complicité de l’orchestre qui, du fond de la fosse, rejoue sans arrêt le même passage, comme un vieux disque qui saute. Un ballet résolument contemporain!

Plusieurs personnages ressortent avec relief. Mentionnons à cet effet les trois danseurs qui incarnent avec un travestissement autant gestuel que vestimentaire le mensonge et la tromperie (jadis incarnés par les trois soeurs), d’une manière absolument délirante et entraînante. On sent d’ailleurs qu’ils sont en quelque sorte le fil conducteur de la pièce. Un rôle qu’ils assument avec un don de soi qui dynamise toutes les scènes qu’ils traversent. On ne peut malheureusement pas en dire autant de tous les personnages. Car si Cendrillon, son père, le spectre de sa mère et les trois énergumènes décrits plus haut sont des personnages bien campés, dont la relation aux autres est clairement amenée par l’entremise d’une gestuelle inventive, le prince, pour sa part, est effacé et sa relation avec Cendrillon paraît un peu trop terne pour qu’on y croie vraiment.

Sous un angle global, il s’agit donc d’une oeuvre intéressante dont la symbolique scénographique, chargée de nombreux clins d’oeil à la psyché humaine, et la gestuelle, souvent empreinte d’un humour intelligent, ne sont pas sans rappeler par moments l’univers de Mats Ek. Pour ceux et celles qui n’ont pas encore vu cette pièce rafraîchissante, il vous reste le jeudi 23 octobre (20 h) et le samedi 25 octobre (14 h et 20 h) pour le faire. Soulignons enfin que cette version remaniée s’adresse à un public adulte ou adolescent davantage qu’aux plus jeunes.

Les 23 et 25 octobre
Au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts