Le Théâtre des Opérations : Deux gars, deux filles
Une allusion, un regard, un geste et on repart en guerre. Qu’il s’agisse de jalousie, de paranoïa dans les relations humaines, ou qu’il soit question de la vraie guerre, les personnages du Théâtre des Opérations sont plongés dans un sentiment de culpabilité et d’impuissance.
Écrite et mise en scène par Stéphane Hogue (Ceci n’est pas une pipe, 2001), la pièce, qui sera certainement reprise dans l’année, est montée en deux parties qui se répondent par une habile mise en abyme. Il y a l’auteur, incarné par Stéfan Perreault (Crime et Châtiment, Douze hommes en colère), qui, en ces temps de guerre, se sent comme un futile acteur du divertissement, stérile devant les vrais problèmes, et bien assis dans un bar agréable ou dans un confortable appartement du paisible Canada. La gravité de la situation et son inaction le castrent comme créateur. Il y a l’ami de toujours, interprété par Louis-Martin De Spa (4X4, La vie est un songe et, à la télé, Macaroni tout garni!), un peu soupe au lait, illustrateur pigiste, qui est à la fois drôle et d’une touchante maladresse. Et cocu. Au fil de leurs conversations apparemment anodines, des doutes et des tensions font surface et confrontent leur honnêteté et leur intégrité. Quand les filles se joignent à eux, le ton et l’énergie changent. Pas que les personnages soient caricaturaux, non, mais ces femmes ramènent le concret et poussent la discussion dans l’urgence de la vérité. Les deux sont déstabilisantes et directes. Sophie ou Julie, selon le tableau, sont jouées par Catherine Trudeau (avec plusieurs pièces à son actif, on l’a aussi remarquée au petit écran – Tabou, 4 et demi – et au cinéma dans La Loi du cochon et Un homme et son péché); Nathalie est interprétée par Félixe Ross (Ceci n’est pas une pipe, La Centième Fois du silence).
Le décor, une création de Julie Deslauriers (aussi comédienne), est sobre et efficace, agrémenté des tableaux de Josée Dumas. Les comédiens, justes et convaincants, mènent ce texte avec humour, loin des jeux de séduction faciles, mais plutôt sur les terrains vaseux et obscurs du désir. En filigrane: des préoccupations très actuelles, sociales, des problèmes familiaux ou de couple qui touchent des gens de toutes générations, de tous milieux. À voir!
Jusqu’au 24 octobre
À La Petite Licorne
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