Meurtre : En pièces détachées
Scène

Meurtre : En pièces détachées

Pour l’auteure française, il s’agissait d’un simple fait divers. Lorsque MARTINE DRAI a donné naissance au personnage de Pierre-Denis, à partir du livre Le Crime du caporal Lortie, du criminaliste et psychologue PIERRE LEGENDRE, elle ignorait que la pièce serait créée tout près des lieux mêmes de la tragédie.

Meurtre

, c’est l’introspection d’un homme qui, un jour, a fait un choix qui a bouleversé sa vie et celle de ses victimes. "C’est pour ça qu’on a choisi ce texte", explique Jean Hazel, scénographe et directeur artistique du Théâtre Blanc, qui se consacre au regard intérieur de l’homme, sous toutes ses formes.

Le spectateur doit prendre une décision dès son arrivée. La salle est divisée en deux; il doit choisir un côté ou l’autre de la cloison. Sur la scène, deux corridors qui se croisent à angle aigu, ne dévoilant que la moitié de l’espace de jeu à chaque groupe d’observateurs. "On n’a pas voulu juger cette personne. Il faut choisir un côté ou l’autre. Ce n’est pas un camp ou l’autre. Peu importe le côté qu’on choisit dans la salle, on reçoit tout le spectacle", dit Jean Hazel. Mais on doute de ce choix pendant toute la pièce, comme Pierre-Denis, qui se dit que s’il était plutôt parti trois jours à la chasse, il n’aurait peut-être pas tué ces gens.

Les deux corridors sont des lieux neutres, suggérant tous les espaces de l’action: corridor de l’Assemblée nationale où les meurtres ont été commis, celui d’un poste de police, de l’hôpital psychiatrique. Et les personnages aussi sont d’abord neutres. "Ce qu’on essaie de faire, c’est donner l’impression que n’importe lequel des trois comédiens pourrait jouer le personnage principal. À un moment donné, dans la pièce, ils décident que c’est Jean-Sébastien Ouellette qui jouera le personnage de Pierre-Denis, le seul qui porte un nom." Yves Amyot et Linda Laplante sont tour à tour soeur du tueur, mari d’une victime, ou anonymes qui interrogent sans cesse Pierre-Denis. "Il y a beaucoup d’interaction, mais il y a toujours un filtre entre eux. Ce sont des monologues. Les questions ne sont pas posées au personnage, mais par rapport au geste. C’est construit comme des petits morceaux, comme un casse-tête."

Si le texte révèle l’univers mental parfois violent d’un homme tourmenté, Jean Hazel préfère parler de tendresse au sujet de la pièce. De regret aussi, d’où le titre, Meurtre, au singulier. "Il ne voulait tuer qu’une seule personne, l’image de son père. Les autres, pour lui, ce sont des accidents."

Du 4 au 22 novembre
Au Théâtre Périscope
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