L’Odyssée : Légende des siècles
Depuis sa création au TNM en 1999, plus de 60 000 spectateurs ont assisté à l’adaptation de L’Odyssée signée Dominic Champagne et Alexis Martin. Fidèles à la démesure de ce poème épique, Pierre Lebeau et François Papineau, Homère et Ulysse, sont toujours du voyage. La pièce, avec sensiblement la même distribution, est présentement jouée dans l’immense Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts.
Sept villes réclament le statut de terre natale du "Patron des poètes", l’aveugle au regard intérieur des plus perçants, dont l’existence même demeure un mystère. L’Odyssée, chant d’amour et de mort émanant des berges de la Méditerranée, hante depuis la fin du 8e siècle avant J.-C. la sensibilité de nombreux créateurs. Véritable charge onirique, ce poème raconte le retour d’Ulysse à Ithaque après 10 ans d’errance depuis la guerre de Troie. Cette invitation au rêve, succès populaire de la Grèce antique, est centrée, malgré les nombreux récits de navigation et multiples aventures, sur les derniers jours du voyage. Le palais de "l’homme aux mille ruses", occupé par les prétendants de Pénélope devant le regard de Télémaque (Guillaume Chouinard), le fils d’Ulysse, représentera le lieu de la divinité amoureuse comme celui du massacre.
S’il est parfois difficile de retenir le spectateur dans une salle aussi grande, la pièce arrive à créer les moments d’intimité nécessaires. Bien sûr, la tâche est plus ardue qu’au TNM. Or, dans les moments de flamboyance où la musique de Pierre Benoît se marie aux cris du Cyclope (Lebeau), au chant des sirènes ou à celui, sensuel, de Circée (Sylvie Moreau), alors là, la taille de la salle rend justice à l’ampleur du spectacle. Quelques ajustements ont probablement été faits depuis la première; nous sentions trop la présence des micros, qui allaient et venaient dans l’écho, et le jeu de Jean-Guy Bouchard, malheureusement un peu décalé ce soir-là, n’arrivait pas à nous faire oublier Jean-Robert Bourdage, qui assurait les rôles de Liodès et Elpénor à la création. Mais la magie de L’Odyssée opère toujours, la machine est bien huilée et les comédiens, très préparés. Outre les performances de Lebeau et Papineau, soulignons le travail de Claude Despins et celui de Dominique Quesnel, qui incarne Anticlée et, encore une fois, une remarquable Pénélope.
Jusqu’au 22 novembre
Au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts