La Flûte enchantée : Ajuster ses flûtes
Le Royal Winnipeg Ballet s’arrête à Montréal pour nous présenter une version contemporaine de La Flûte enchantée, inspirée principalement par le célèbre opéra de Mozart. Mais aussi par le film du même nom d’Ingmar Bergman, d’où son côté plus moderne.
Cette compagnie de ballet originaire du Manitoba est à la veille d’obtenir sa carte de l’âge d’or: cette année, elle fête son 64e anniversaire de naissance! Si on fait le calcul, sa fondation remonte à 1939. Il s’agit donc de la plus ancienne compagnie à se produire sans interruption en Amérique du Nord. Déjà, en 1953, elle recevait son titre royal. Le premier, d’ailleurs, à être accordé sous le règne d’Élisabeth II.
Le RWB possède une longue et prestigieuse tradition qui n’a toutefois pas nui à son passage au ballet contemporain. Une adaptation que plusieurs autres compagnies de ballet ont également effectuée – comme, par exemple, Les Grands Ballets Canadiens de Montréal. À ce sujet, le directeur artistique du RWB, André Lewis, nous affirme que lorsqu’il est entré en poste, en 1996, la compagnie était au terme de sa période classique et un changement semblait inévitable. Il a alors senti la nécessité d’orienter le nouveau répertoire vers un horizon plus contemporain. Cette tendance moderniste, qui nous fait voir le ballet sous un autre jour depuis la fin du deuxième millénaire, est tout à l’avantage des professionnels de cet art. En effet, il semble que le phénomène soit à la source d’une recrudescence de l’intérêt d’un jeune public pour les oeuvres reliées à ce domaine artistique.
La nouvelle version de La Flûte enchantée, avec sa conception sonore originale signée Jean-Pierre Côté – présentée en surround et juxtaposée à la musique de Mozart – ainsi que sa scénographie flamboyante dont on doit la confection à Paul Daigle, nous offre un exemple concret de cette réorientation amorcée au RWB depuis presque une décennie.
L’aspect chorégraphique de la pièce a été confié au néo-Montréalais Mark Godden, qui a déjà séduit le public avec sa première création intégrale, Dracula (1998). "Cela me surprendra toujours de constater à quel point Mark possède un grand potentiel imaginatif, avoue André Lewis. Pour cette oeuvre, il a résolument fait preuve d’audace, tout comme Mozart à son époque."
L’histoire originale a donc été révisée en fonction de nouveaux paramètres. Bien entendu, il s’agit toujours du prince Tamino devant prouver sa valeur et son courage afin de sauver la princesse Pamina. Toutefois, le récit se déroule dans un décor qui ressemble davantage à celui d’un citoyen du troisième millénaire qu’à celui d’un monarque d’une époque lointaine. "L’opéra est sensiblement le même, mais le setting est contemporain, explique le directeur artistique du RWB. Le ballet est encore sur pointes et nous respectons en ce sens la tradition européenne classique. Mais l’orientation esthétique de la pièce est, quant à elle, ancrée dans l’air du temps."
À ce compte, nous retrouverons au début du premier acte le prince Tamino obnubilé par le poste de télévision devant lequel il est assis – ceci à l’image de bien des gens de son époque. "C’est peut-être, d’ailleurs, le symbole d’un nouveau type de monstre", avance André Lewis à propos de l’omniprésence de ce média dans nos vies.
La Flûte enchantée, dont la première a eu lieu à Winnipeg en octobre dernier, aura également parcouru cinq villes ontariennes (Toronto, London, Oakville, St. Catharines et Welland) avant de faire escale pour quatre jours à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Ensuite, le Royal Winnipeg Ballet s’envolera pour une tournée des quatre provinces de l’Ouest canadien.
Jusqu’ici, la pièce a été fort bien reçue, nous confirme le directeur artistique du RWB. Souhaitons-leur le même succès chez nous et chez nos voisins des Prairies.
Du 20 au 22 novembre
À la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts
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