La Meute : Dans la gueule du loup…
La danger pour un loup est de se retrouver seul, il a besoin de la meute pour être fort, rassuré dans sa structure hiérarchique. Mais si le loup mâle alpha meurt, la meute s’en retrouve désorientée, les louveteaux abandonnés…
Le Théâtre la Catapulte n’a pas choisi de terminer l’année avec un joli conte de Noël à l’eau bénite… il présente plutôt la pièce La Meute, un "western-choc" empreint d’une histoire vécue. La pièce a été écrite par l’auteur de Maïta (Théâtre de la Vieille 17, 2001), Esther Beauchemin, qui s’inspire beaucoup de faits divers pour ses créations. Cette fois, son attention a été attirée par l’histoire de la famille McGuckin qui s’est déroulée il y a deux ans, en Idaho, alors que des enfants âgés de huit à 16 ans ont tenu siège pendant cinq jours dans leur maison, se défendant à l’aide d’armes et de leur meute de 27 chiens, après que leur mère ait été arrêtée pour négligence. Celle-ci était devenue paranoïaque à la suite du décès de son mari et avait coupé sa famille du monde extérieur. Ils se livreront finalement aux autorités avec la garantie de ne pas être séparés.
"Lorsque j’ai entendu cette histoire, ça a été comme une étincelle. Je me demandais qu’est-ce qui avait bien pu se passer pendant ces cinq jours, avec ces enfants barricadés dans cette cabane, dans la peur et la misère. C’était une bonne assise, ça a excité mon imagination", explique l’auteure. Elle a donc créé cinq personnages tourmentés, ceux des enfants, livrés à eux-mêmes dans une cabane sans nourriture en attendant le retour de leur mère, déchirés entre les jappements des chiens affamés et les pleurs du bébé malmené.
"Ce qu’il y a de fascinant dans la pièce, c’est cette manipulation psychologique, celle du vrai et du faux, des choses que l’on croit fermement et qui un jour s’avèrent inexactes. C’est quelque chose qui m’arrive souvent dans la vie. Notre champ de perception est si fragile…", affirme la metteur en scène, Anne-Marie White. Cherchant la raison d’être de la pièce au théâtre, elle exploite dans sa mise en scène cet aspect psychologique en utilisant le public, "les ombres", comme objet de la paranoïa: "Esther écrit beaucoup en fonction des images qu’elle se fait, c’est pour cette raison que le texte est tellement organique".
Sans tenir une critique sociale établie, l’auteure avait comme ligne directrice de la pièce la peur qui mène à l’agression: "Dans mon processus d’écriture, il y a une part de non-contrôle où je ne tenais plus les rênes de mon texte et où je laissais les situations couler d’elles-mêmes. C’est un univers un peu schizophrène…"
Jusqu’au 13 décembre
À la Nouvelle Scène
Voir calendrier Théâtre