Le Ventriloque – Entrevue avec Nathalie Mallette : Virer flou
Scène

Le Ventriloque – Entrevue avec Nathalie Mallette : Virer flou

Une pièce fantaisiste montée sur le modèle des poupées russes, où on ne sait jamais qui est qui: voilà en gros Le Ventriloque, de LARRY TREMBLAY, qui met en vedette une NATHALIE MALLETTE enthousiasmée par l’aventure.

"C’est mon plus beau rôle en 20 ans de théâtre", s’exclame Nathalie Mallette, ravie de remonter sur les planches avec Le Ventriloque de Larry Tremblay (Ogre, The Dragonfly of Chicoutimi), dans une mise en scène de Claude Poissant. La pièce remporta le Masque de la meilleure production de Montréal pour la saison 2001-2002 et valut également à l’actrice une mise en nomination pour son interprétation. Montée en France, en Belgique, en Italie et en Allemagne, la pièce est reprise au Théâtre de la Bordée du 9 au 11 décembre.

"La pièce commence avec un numéro de ventriloque (joué par Frédéric Desager), et moi, cachée derrière, je fais la voix, souvent déstabilisante et surprenante, de la poupée qui a parfois des allures de possédée. Ce petit numéro va mettre en lumière toute la façon dont Larry a écrit sa pièce." Gaby Létourneau a reçu pour ses 16 ans un stylo Parker que sa mère a emballé à la manière des poupées gigognes. Avec ce stylo plaqué or, Gaby veut écrire le meilleur des romans. "La pièce repose sur son désir d’écrire, poursuit Nathalie. Sur son blocage aussi. Elle va même avoir recours à un psychanalyste avec qui elle discutera de ses problèmes d’écriture." Elle lui racontera que depuis la mort de son frère, elle n’arrive à rien avec son stylo. Alors le psychanalyste lui fera faire toutes sortes d’exercices, les uns plus loufoques que les autres. "En fait, il la manipulera. C’est très "davidlynchien"!" affirme Nathalie, qui nous rapporte qu’on n’est jamais certain de qui est qui dans cette pièce. "Il y a un flou du début à la fin. À la limite, c’est l’histoire du crayon."

Larry Tremblay avance une écriture à la fois lucide et fantastique, sinon fantaisiste. Il est question du pouvoir de l’écriture, de ses mystères, et des questions d’identité ou d’identification que les processus de création peuvent provoquer. Ici, tout est peut-être de l’ordre du songe, du rêve éveillé, comme un lien entre le réel et l’imaginaire.

Le personnage de Gaby tient-il plus de la poupée que du ventriloque? "C’est une histoire extraordinaire, montée sur le modèle des poupées russes. On est toujours dans une zone grise, sur le terrain de l’inconscient, du subconscient, de l’obscurité. Est-ce que Gaby est la poupée, et qui est qui?" Le texte, publié en Belgique aux éditions Lansman, est très captivant à la simple lecture. Lui rendre hommage a nécessité beaucoup de travail. "Il a fallu beaucoup d’ajustements pour bien rendre la magie du texte, qui peut être interprété de multiples manières. C’est un gros travail d’équipe sous la mise en scène inventive de Claude Poissant. Le décor et l’éclairage, comme la musique de l’extraordinaire Jean Derome, qui joue sur la répétition présente dans le texte, apportent également beaucoup au spectacle et à sa rythmique."

Six pieds dans les airs sur une scène en pente, le décor impose un effort physique. "On est toujours en position de vertige et on a peur jusqu’à la fin, mais c’est tellement une belle pièce!" Allons voir.

Du 9 au 11 décembre
Au Théâtre de la Bordée
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