Margie Gillis : États d’apesanteur
Dans 100 ans, tout le monde parlera encore de Margie Gillis comme étant la danseuse "à la longue chevelure"… tirant son incroyable pouvoir de séduction et sa poésie de celle-ci, comme Samson, lui, en tirait sa force. De son vivant, elle est déjà cette figure mythique. Mais aussi un être mystérieux, car elle semble échapper à toute forme de classification. Elle n’est ni classique, ni néoclassique, ni jazz… pas totalement moderne, ni toujours contemporaine.
Cette année, ça fera 30 ans qu’elle nourrit notre inassouvissable désir de saisir son secret. Voilà d’ailleurs peut-être où réside la source de notre intérêt: par sa seule présence, elle annonce le sublime sans jamais l’énoncer. Margis Gillis est un bien nécessaire. Ce qu’elle exprime semble dépasser le domaine de la danse et des arts. Voilà peut-être pourquoi certains l’ont comparée à Isadora Duncan, qui avait également ce don d’entrer en communion avec le public. Certains êtres semblent incarner le divin, et nous n’y pouvons rien. D’où cette ambivalence des sentiments – qui oscille entre admiration et jalousie – ressentis en leur présence.
À l’occasion de son 30e anniversaire de carrière, cette grande dame de la danse nous propose une programmation spéciale dans laquelle seront présentées sept pièces. Quatre de celles-ci – A Complex Simplicity of Love, Breathing in Bird Bone, Elimination et Viridian – sont des premières mondiales; la cinquième – What the Wind Whispers – est une première montréalaise; et les deux autres – Waltzing Matilda et Blue – sont des oeuvres marquantes tirées de son répertoire. Waltzing Mathilda, créée en 1978 – en lien avec la musique de Tom Waits -, possède une dimension symbolique indéniable, car elle contribua grandement à lancer la carrière de la danseuse. La thématique d’ensemble des pièces qui seront présentées tourne, entre autres, autour des notions d’amour, de désir et de compassion. Aussi, ces pièces sont fortement d’inspiration musicale, comme il est habituellement d’usage chez la chorégraphe-interprète.
Cette soirée commémorative est rendue possible grâce à la compagnie Danse Danse, qui nous donnera l’occasion de revoir Margie Gillis, au printemps 2004, dans Reclusive Conclusions and Other Duets, de la compagnie 10 Gates Dancing (Tedd Robinson). Un spectacle au cours duquel on verra également apparaître une autre légende de la danse: Louise Lecavalier. À ne manquer sous aucun prétexte!
Du 11 au 13 décembre
Au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts
Quant à moi, à mon grand dam d’ailleurs, me reste en mémoire de cette magnifique danseuse non pas sa performance livrée un soir à la maison de la culture Ahuntsic mais plutôt les chuchotements de quelques « critiques » amateurs incultes et le départ, tantôt subtile tantôt sans raffinement, de certains spectateurs au cours de la représentation.
En fait, ces usagers me faisaient remettre en question la pertinence de la gratuité des spectacles dans les maisons de la culture. En effet, lorsque l’on paie, que l’on apprécie ou non, parce que l’on en veut quand même pour notre argent, habituellement on reste sagement sur notre siège, on se tait voire on s’assoupit mais il ne nous vient pas en tête de perturber la salle!
Heureusement que la dame à la chevelure infinie fit fi de ces comportements irrespectueux et poursuivit sa prestation.