Normand Latourelle : Monter sur ses grands chevaux
Scène

Normand Latourelle : Monter sur ses grands chevaux

Avec ses 2 440 mètres carrés et ses 30 mètres de haut, le plus grand chapiteau de tournée en Amérique du Nord sera dressé cette semaine à Montréal pour accueillir la mégaproduction Cavalia. NORMAND LATOURELLE, président et directeur artistique de l’événement, nous confie certains détails sur la création de ce spectacle qui a déjà ravi quelque 80 000 spectateurs à Shawinigan (sous le nom de Voltige) et à Toronto.

Cavalia débarque en ville. Plus précisément au carrefour du boulevard Métropolitain et de Côte-de-Liesse, où sera installé le chapiteau de 50 mètres de large et où seront déversées les 800 tonnes de sable qui serviront de scène aux 33 chevaux et 19 artistes (cavaliers et acrobates), qui enfileront près de 80 costumes. Au total, en incluant les musiciens sur place, 100 personnes font partie de la tournée.

Une question vient à l’esprit: combien peut coûter un spectacle à si grand déploiement? Normand Latourelle, qui a "inventé" le concept, demeure discret sur les questions d’argent, qui semblent secondaires à cette étape du projet. "Ce n’est pas l’argent qui détermine la qualité d’un spectacle, affirme-t-il. Beaucoup de sous sont investis dans les immobilisations et ça change toutes les données! Ça donne un coût astronomique à une production qui, bien sûr, coûte cher au moment de la création, mais pas tant que ça au fond."

Ce genre de spectacle n’est tout de même pas à la portée de tout créateur et nécessite une mise de fonds considérable, beaucoup de gens, et du temps. "J’ai eu l’idée il y a déjà sept ans", explique celui qui a participé au développement du Cirque du Soleil de 1985 à 1990. Normand Latourelle était aussi des célébrations du 350e de Montréal, comme il a créé, entre autres, les Légendes Fantastiques à Drummondville et le Dîner-Farfelu au Casino de Montréal. "Le premier synopsis, je l’ai écrit il y a cinq ans. Certains des chevaux sont entraînés pour ce spectacle depuis cinq ou six ans, et, en ce qui concerne le spectacle global filé avec tous les numéros ou tableaux mis ensemble, on a commencé les répétitions au mois d’avril dernier."

Le rideau se lève sur la rencontre entre l’humain et la bête. "Il n’y a pas vraiment d’histoire dans ce spectacle, si ce n’est la grande histoire de la relation entre l’homme et le cheval suggérée tout au long de la soirée, dont nous suivons l’évolution à travers les différents tableaux. On commence avec les chevaux sauvages et, tranquillement, on les approche, les apprivoise, et on les monte. Et avec les décors de Marc Labelle et les costumes de Mireille Vachon, il y a toujours des repères historiques, des signes qui évoquent des époques."

Cinq races de chevaux sont mises à contribution: l’Arabe, le Lusitanien, le Quarter horse, le Percheron et le cheval Belge. "La moitié des chevaux sont des chevaux de trait, dont quatre ont été trouvés au Québec où ils travaillaient sur des fermes. Ils sont très calmes et habitués de fonctionner dans des environnements complexes, comme à côté d’une tronçonneuse. L’autre moitié provient du sud de la France, d’une écurie spécialisée dans le spectacle de cirque. Il y a donc des chevaux de compétition qui côtoient des chevaux dits "en liberté", c’est-à-dire que les dresseurs Frédéric Pignon et Magali Delgado sont au jeu avec eux, mais ce sont des étalons qui n’ont jamais été montés ni sellés. Ils sont à l’état sauvage, mais réagissent très bien aux applaudissements, ce qui n’est pas le cas de tous les chevaux!"

Si Normand Latourelle a insisté pour avoir des musiciens sur scène (il s’agit d’un groupe autour du célèbre Michel Cusson), c’est pour contrer la part d’imprévu qui est grande quand on travaille avec ce genre de bêtes. "Comme nous avons une approche très douce, nous ne forçons jamais les choses. Si nous sentons qu’un cheval ne veut pas monter sur scène, eh bien, il a congé. Le cheval est un animal extrêmement peureux, mais lorsqu’il est en présence d’un environnement qui n’est pas hostile, il finit par prendre goût aux activités. C’est une question d’entraînement et de choix de chevaux. Il faut prendre des chevaux qui n’ont pas été battus (doublement nerveux) et qui ont un esprit calme et sociable." Une dizaine de personnes prennent soin des chevaux en permanence.

Dans Cavalia, semble-t-il, tout est histoire de respect, de communication et de divertissement. Tout indiqué pour le temps des Fêtes, non?