Les Contes urbains : Contes du bas de la ville
Scène

Les Contes urbains : Contes du bas de la ville

Temps des Fêtes: temps de la course folle dans les magasins pour les uns, de la fin de session cernée pour les autres, mais aussi temps des traditionnelles soirées de Contes urbains au Théâtre La Licorne. Yvan Bienvenue, qui présente ces soirées depuis maintenant neuf ans, amalgame avec succès l’ancien conteur de campagne et les thématiques modernes de la vie urbaine, ce qui donne à entendre un langage folklorique au métissage fort intéressant.

Cette année, Logos Conterie et le Théâtre de la Manufacture nous offrent une soirée ayant relégué le thème de Noël au deuxième plan pour plutôt nous présenter un hommage à la ville. Huit contes d’un même auteur (Bienvenue) racontent vingt-quatre heures dans la vie de Montréal. L’idée est ingénieuse, mais la redondance du style peut à la longue ennuyer un peu son spectateur. De plus, le musicien François Beausoleil se charge de faire le lien sur scène à l’aide d’une trame sonore originale malheureusement répétitive.

Certains contes sont néanmoins de véritables perles. Les quatre premiers nous entraînent dans un univers démesuré, où les chutes inattendues et rocambolesques font sourire et où la langue de Bienvenue offre sans pudeur des calembours volontairement tirés par les cheveux (il faut voir le comédien Rémi-Pierre Paquin tenter joyeusement de se débarrasser, avec la complicité du public, de certains jeux de mots exagérés). Nous entendrons son histoire de vieux racontée avec force stratégie de connivence, puis celle de la vengeance mignonne d’un enfant de six ans, narrée par une Amélie Bernard perdant parfois le cap. Quant à la sublime Geneviève Néron, elle arrache des oh! et ah! attendris à la salle, visiblement ravie par cette idylle sur fond de McDonald, alors que Martin Laroche réussit à nous toucher avec son histoire de secrétaire désespérément amoureuse, malgré des mots très crus et une finale complètement loufoque. Attention, oreilles sensibles.

Les quatre derniers contes seront toutefois plus sombres, alors que les conteurs viendront parler devant nous en utilisant le "je", devenant ainsi les protagonistes des aventures récitées et non plus de simples témoins. Martin Laroche y sera d’ailleurs troublant de vérité. Dommage que la soirée soit un peu inégale, mais cette cuvée 2003 demeure une bien belle façon d’occuper une longue veillée d’hiver.

Jusqu’au 20 décembre
Au Théâtre La Licorne
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