Festival international de nouvelle danse : FIND: le temps des adieux
Scène

Festival international de nouvelle danse : FIND: le temps des adieux

Mardi 16 décembre, la fondatrice et directrice générale du FIND, Chantal Pontbriand, nous annonce, avec un trémolo dans la voix, la fin de près de 20 ans d’activités de cet organisme à but non lucratif. La cause: un déficit de plusieurs centaines de milliers de dollars que celui-ci traînait depuis l’avant-dernière édition (2001). On se rappelle d’ailleurs que l’ouverture de celle-ci avait eu lieu quelques jours après les événements du 11 septembre. Une coïncidence malencontreuse qui n’avait pas joué financièrement en la faveur du Festival.

Même si la 11e édition de cet automne a été un franc succès, le FIND n’a pu remonter la pente, à cause d’apports moins généreux que prévu de la part des différentes sources de revenus. Or, notre premier réflexe, à l’annonce d’une telle nouvelle, est de chercher un coupable. Mais le trouver ne semble pas évident, car le système actuel de financement des institutions artistiques fait en sorte que les enveloppes diminuent et doivent par conséquent se multiplier, de telle manière qu’il devient difficile de cibler qui ne donne pas assez ou pas du tout. Ce genre de système semble alors favoriser une attitude de déresponsabilisation de la part des différents bailleurs de fonds, qu’ils soient publics ou privés.

Grandes réalisations
Le Festival international de nouvelle danse de Montréal aura inscrit notre métropole sur la carte géographique de la danse. Ceci, en propulsant les oeuvres de plusieurs chorégraphes d’ici au rang international. On n’a qu’à penser à Édouard Lock, Marie Chouinard et Ginette Laurin – tous trois présents lors de la conférence d’adieu -, dont certaines pièces ont été coproduites et présentées par le Festival. Il a également permis de faire connaître au public montréalais de grands noms d’ailleurs, tels Pina Baush, William Forsythe, Anne Teresa De Keersmaeker et Jean-Claude Gallotta – pour n’en citer que quelques-uns -, qui n’auraient pas mis les pieds ici si ce n’avait été de cet événement d’envergure.

Parallèlement à cela, l’organisme avait pour mandat d’éduquer un certain public à la danse. Il le faisait en lui proposant des conférences avec des chorégraphes, interprètes et penseurs de cet art du corps. Il a même fait office d’éditeur en permettant la publication de quelques ouvrages-clés en esthétique de la danse. De cette manière, il a contribué à ériger les fondations d’une pensée critique, du public et des médias, sur la danse.

La fin d’une époque…
Ironie du sort: cette année, Chantal Pontbriand nous a présenté une série de créateurs dont la vision artistique défendait une certaine idée de désinstitutionnalisation de la danse, par leur volonté de diffuser des anti-spectacles, devant un public renouvelé, dans des lieux de diffusion alternatifs. En tant qu’historienne de l’art et femme d’une grande intelligence et d’une clairvoyance artistique hors du commun, avait-elle prévu le coup? Était-ce un chant du cygne?

Peu importe. La fin des activités du FIND ne nous laisse pas – pour toutes les raisons énumérées précédemment – devant un vide, car ce serait nier ses nombreuses réalisations. Cela marque plutôt la fin d’une époque. Celle de la nouvelle danse institutionnalisée, mise sur pied durant les années 80 et ayant succédé à près d’une vingtaine d’années d’exploration contemporaine du mouvement par l’entremise de certains collectifs dont le Groupe de la Place Royale et le Groupe Nouvelle Aire, à partir des années 60. Dans une telle optique, il semble objectif de dire que l’histoire de la danse à Montréal suit son cours et qu’il ne serait dorénavant pas étonnant de voir se mettre en place une nouvelle dynamique de production et de diffusion des créations contemporaines en danse…