Catherine Tardif : Reconquête de l'Ouest
Scène

Catherine Tardif : Reconquête de l’Ouest

En ce début 2004, Danse-Cité nous relance sur la trace des créateurs avec la présentation du spectacle Un show western, de Catherine Tardif.

Le 23 décembre, alors que la chorégraphe était en résidence à l’Agora de la danse, j’ai eu l’occasion d’assister à une répétition à laquelle étaient présents les cinq interprètes faisant partie de la production.

Catherine Tardif a pris soin de m’avertir, avant de me montrer un "run" d’une trentaine de minutes, que la pièce était encore en chantier. Les chorégraphes sont toujours un peu nerveux à l’idée de dévoiler leur travail pour la première fois aux journalistes… et surtout, de devoir en parler, car ils y sont souvent encore très attachés. Ce moment est, selon moi, un des plus beaux de notre métier d’écrivant, car il révèle le point de bascule du processus de création des artistes. Là où la fébrilité du créateur est nettement palpable à cause d’un sentiment d’ambiguïté oscillant entre peur et excitation. C’est la période de détachement qui s’amorce…

Western romance
Tout en calculant avec soin l’angle de ses mots, pour rendre son propos le plus clair possible, la chorégraphe m’explique la présence du thème western dans son œuvre. "Ça agit comme un système de référence ou un lieu de reconnaissance commun entre les interprètes et les spectateurs. La pièce n’est donc pas une histoire de cow-boys ou une étude du genre western. On pourrait plutôt dire que l’atmosphère est teintée de l’aura qui caractérise ce genre. C’est une porte d’entrée sur un univers singulier. J’avais d’ailleurs fait la même chose avec la pièce Trio métal, qui était basée presque uniquement sur de la musique heavy métal."

Ce clin d’œil à la culture de l’Ouest peut nous remémorer la manière un peu candide dont les enfants la récupèrent, en jouant aux cow-boys et aux Indiens. "L’état que je veux retrouver au contact de ce thème, c’est le petit vertige que je ressentais lorsque je regardais des films westerns à la télé, le samedi matin, quand j’avais huit ans", confie Catherine Tardif. Selon elle, c’est tout un ensemble d’archétypes, tels la solitude et l’héroïsme, ainsi que l’idée d’aventure, véhiculés par cette culture, qui nous la rendent si attirante.

Pouvoir intime
"La façon dont je mobilise les corps, poursuit la chorégraphe, c’est en les mettant en situation d’improvisation très concrète. Ça part toujours de la mémoire que les interprètes peuvent avoir de certains états d’être. Pour la pièce, l’outil de travail principal a été un des albums de l’illustrateur américain Gary Larson, qui fait dans le genre comique. Par exemple, on prenait une des images et je leur demandais de m’imaginer l’avant, le pendant et l’après de celle-ci. Ça donne des séquences de mouvements qui ont une motivation intérieure très secrète et un effet plutôt intrigant. Ce que je souhaite d’ailleurs, c’est susciter une curiosité chez le spectateur. Un peu comme lorsqu’on rencontre quelqu’un qui nous plaît, parce qu’il nous fascine."

Les complices
Les quatre danseurs Marc Boivin, Daniel Soulières, Sophie Corriveau et Anne-Bruce Falconer sont des partenaires avec lesquels Catherine Tardif aime travailler. Pour ce qui est du comédien Luc Proulx, il a, selon elle, le profil type du héros sympathique. Mais il avait aussi travaillé au sein de La Fanfare Pourpour avec le concepteur-éclairagiste de la pièce, Jonas Slovansky… Un aventurier solitaire, me dira la chorégraphe.

Quant au directeur musical Michel F. Côté, qui commence à être un complice de longue date, il n’a pas composé de pièces pour le show, mais a plutôt retravaillé des musiques appartenant au folklore américain. Les costumes d’Angelo Barsetti, enfin, relèvent davantage d’une hybridation intemporelle que d’une reconstitution fidèle. Selon la chorégraphe, ça laisse plus de place à l’imagination des spectateurs…

Du 14 au 17 et du 21 au 24 janvier
Au Studio de l’Agora