Le Désir de Gobi – Entrevue avec Suzie Bastien : La voie intérieure
"C’est ma vie, le théâtre. Je ne peux m’imaginer faire autre chose", lance SUZIE BASTIEN. Après avoir touché au jeu et à la mise en scène, c’est maintenant à l’écriture théâtrale qu’elle choisit, depuis quelques années, de se consacrer entièrement. Elle en est à sa cinquième pièce.
Le Théâtre Blanc, en coproduction avec le Théâtre du Trillium et le Théâtre du Double Signe, présente Le Désir de Gobi, mis en scène par Gill Champagne. Cette pièce, la première de Suzie Bastien, raconte l’histoire de Nine, 14 ans, abandonnée par sa mère et enfermée par son père pendant deux ans. "C’est l’histoire de son retour à la vie, explique l’auteure, à travers ses conversations avec le Morlock, son psy, et avec son ami Colas, qui apparaît de temps en temps."
Ce texte recèle toujours, pour elle, une part de mystère. "En fait, on m’a expliqué ma pièce, confie-t-elle; je n’arriverais pas vraiment, moi-même, à le faire. Peut-être parce que c’était la première, et que je l’ai écrite dans un état un peu particulier…" Le texte, de plus, s’est modifié au fil du travail avec le metteur en scène, à l’époque de la création, en 2000 au Théâtre de Quat’Sous. "Au départ, Le Désir de Gobi ne ressemblait pas vraiment à ça. C’était plus intuitif. Il y a toujours, dans la pièce, une part très onirique, très fantasmée, mais elle repose maintenant sur une assise très réaliste: le rapport avec le Morlock. Ça s’est construit pour la scène; le Morlock pose des questions – que je me posais d’ailleurs moi-même – qui forcent Nine à répondre et forcent la compréhension du spectateur. Ça donne une structure dramatique beaucoup plus forte, et plus claire."
À partir de cette première expérience, son approche se modifie. "Quand je commence à écrire, maintenant, je pense assez rapidement aux enjeux dramatiques, aux personnages, à des éléments très théâtraux. Mais comme je l’ai fait pour Le Désir de Gobi, j’écris toujours à partir de ma voix, de mes états à moi, et ensuite je leur trouve une structure."
"Ce que j’aime dans l’écriture théâtrale, poursuit Suzie Bastien, c’est que je suis seule, et en même temps je ne le suis pas: il y a un partage. J’écris, et ensuite quelqu’un prend ça en charge; je fais partie du travail, mais de façon discrète. Et le don de ma pièce à quelqu’un d’autre, ça pour moi c’est un grand plaisir. Pour moi, une pièce n’est pas vraiment terminée tant qu’il n’y a pas eu sur elle le regard d’un metteur en scène."
Distribution: Marc-André Charrette, Patrick Quintal, Catherine Rousseau; conception: Jean Hazel, Sylvie Baillargeon, Jacques Jobin.
Du 13 au 31 janvier
Au Théâtre Périscope
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