Nathalie Claude : Âmes sours
Précieuse collaboratrice des plus avant-gardistes compagnies montréalaises depuis près de 15 ans, Nathalie Claude n’est pas de celles qui se laissent aisément étiqueter. Comédienne, chorégraphe et metteure en scène, elle présente avec Limbes/Limbo une création qui fait plus que jamais appel à ses multiples talents.
Il y a deux ans, la danseuse et chorégraphe Lin Snelling proposait à Nathalie Claude de travailler sur Limbes/Limbo, un texte bref de la romancière canadienne Nancy Huston. Immédiatement intéressée par cet hommage bilingue à l’écrivain Samuel Beckett, l’actrice présente le projet à ses collègues de Momentum, qui s’empressent de l’endosser. Les deux complices, qui se sont côtoyées au sein de Carbone 14 et Pigeons International, s’engagent alors dans une aventure pour le moins insondable.
Nancy Huston, très enthousiaste face à une initiative qui offre une seconde vie à son ouvre, incite les deux conceptrices à prendre toutes les libertés nécessaires. Limbes/Limbo est une introspection aigre-douce où le déchirement linguistique de Huston fait adroitement écho à celui de Beckett. En pastichant presque le style du dramaturge d’origine irlandaise, la Française d’adoption rend hommage à un écrivain dont elle connaît fort bien la vie et l’ouvre. Avec ludisme, elle fait cohabiter deux langues qui ne disent jamais exactement la même chose et surtout jamais de la même manière.
La dualité linguistique des deux interprètes les prédestinait à transposer sur scène cet étrange opuscule: "Lin et moi évoluons dans des milieux aussi anglophones que francophones. Si nous n’avons pas la même langue maternelle, nous parlons toutes les deux couramment le franglais. Ce texte est un véritable terrain de jeu pour nous." L’expérience de la co-mise en scène semble également leur convenir à merveille: "Lin est une danseuse qui excelle dans tout ce qui concerne la voix et on ne cesse de dire que je suis une comédienne
L’été dernier, les deux artistes ont eu la chance d’obtenir une résidence de deux semaines dans la salle de l’Usine C. Une période où elles ont pu échafauder, avec l’aide de tous les concepteurs, le squelette de leur création: "Je n’avais jamais fait quelque chose de semblable auparavant. Avant même de commencer à travailler l’essence du spectacle, nous avions une forme à habiter." Le résultat s’avère indissociable du lieu en question: "Les personnages que nous incarnons sont en devenir. Ce sont deux facettes d’une même entité qui émergent dans un espace vide, un théâtre dépouillé qui met en scène sa machinerie, ses mécanismes."
Manifestement, Nathalie Claude est impatiente de dévoiler le fruit d’un très agréable processus de création: "À l’approche de cette première, j’ai l’impression d’avoir un merveilleux cadeau à ouvrir, tout autant qu’à offrir."
Du 15 au 24 janvier
À l’Usine C