Un carré de ciel : Sur le seuil
Scène

Un carré de ciel : Sur le seuil

Pour les membres de la Grande Ferronnerie ou tout simplement pour ceux que l’un des plus insaisissables écrivains québécois intéresse, le Théâtre d’Aujourd’hui attaque l’année 2004 avec la création d’Un carré de ciel, signé MICHÈLE MAGNY, dans une mise en scène de MARTINE BEAULNE.

Production très attendue par ceux qui se nomment affectueusement "les amoureux" de l’ouvre de Jacques Ferron, le médecin-écrivain, Un carré de ciel propose avec audace la reconstitution fictive de la dernière rencontre entre l’auteur et son double Maski. En écrivant L’Exécution de Maski, en 1981, Jacques Ferron tentait d’ailleurs d’éliminer ce double qui lui dictait ses livres par-dessus l’épaule. Mais le personnage, refusant de mourir, se retrouva par la suite dans une nouvelle version du Pas de Gamelin, cet essai sur la folie qu’il écrivit à la suite de ses deux années d’expérience en médecine psychiatrique, et qui constitue un chapitre de son dernier ouvrage, La Conférence inachevée. L’auteur, happé par l’abîme, considérait cette ouvre comme un désastre, affirmant qu’il lui serait à jamais impossible de décrire le fonctionnement de la névrose.

C’est en se basant sur ces derniers textes de Jacques Ferron que Michèle Magny a construit sa pièce, amalgamant habilement les citations à sa structure personnelle, nous offrant donc non seulement une superbe adaptation pour la scène de certains passages de L’Exécution de Maski, mais aussi une création surprenante plaçant Ferron lui-même sur scène face à son ouvre. Nous y voyons l’auteur prendre la parole de Notaire, son propre rôle dans ses écrits fictifs, mais aussi basculer dans la réalité, celle du docteur qui marche dans les jardins de Saint-Jean-de-Dieu, parfois médecin, parfois patient (Ferron y sera traité pour dépression).

À l’image de l’univers ferronien, Michèle Magny réussit brillamment à mélanger fiction et réalité, à recréer un rêve éveillé où personnages et individus se confondent. Nous y retrouvons ainsi la mère de Ferron, mais aussi certaines femmes de l’asile du Pas de Gamelin, telles Louise-plus-que-Dieu, Madeleine et la touchante Aline des Roses Sauvages. Michèle Magny ajoute toutefois un personnage-clé, une nurse, cerbère de Gamelin amenant finalement Ferron à en franchir le pas.

Michèle Magny n’en est pas à sa première création. En 1993, elle nous a donné le magnifique Marina, le dernier rose aux joues, s’inspirant de la poésie de Marina Tsvetaeva, d’ailleurs également mis en scène par Martine Beaulne au même Théâtre d’Aujourd’hui. La pertinence du tandem n’est donc plus à établir.

C’est Jean Marchand qui enfilera la veste de Jacques Ferron, alors que Jean-François Casabonne interprétera le noir Maski. Seront également de la distribution Muriel Dutil, Anne-Marie Provencher, Catherine Sénart, Christiane Proulx et Marie-Ève Bertrand. Fait intéressant, on nous promet des chorégraphies de Jocelyne Montpetit. On se régale d’avance…

Du 13 janvier au 7 février
Au Théâtre d’Aujourd’hui
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