Paula de Vasconcelos : Jardin de Babylone
Voilà plus de quinze ans que la compagnie Pigeons International repousse les limites d’un dialogue entre le théâtre et la danse. Pour sa dixième création, PAULA DE VASCONCELOS interroge l’avenir de notre planète en dirigeant une fresque grandiose intitulée Babylone.
Artiste libre et passionnée, Paula de Vasconcelos construit une œuvre somptueuse qui rend hommage de manière tout à fait unique aux élans les plus fondamentaux de la nature humaine. Depuis qu’elle a fondé Pigeons International avec son complice Paul-Antoine Taillefer, en 1987, nombreuses sont les étiquettes que l’on a tenté d’accoler aux univers singuliers qu’elle imagine. Multiple par essence, la créatrice se porte à la défense d’un amalgame artistique au sens large: "Même si je sais que ce que je fais n’est pas vraiment permis, ni par le milieu de la danse, ni par celui du théâtre, je suis incapable de me cantonner à une catégorie." Afin de définir son travail, elle semble avoir malgré tout adopté l’expression "théâtre danse". "La formule me convient puisque la danse, chez moi, s’ancre toujours dans une conception théâtrale. Elle naît d’un motif dramatique central, un leitmotiv autour duquel l’ensemble du spectacle s’articule. C’est très différent d’une œuvre dansée où le théâtre survient presque accidentellement."
Trois ans après la création de L’Autre, de Vasconcelos s’apprête à dévoiler un spectacle dont elle signe la conception, la mise en scène et les chorégraphies. Faisant appel à dix interprètes et trois musiciens présents sur scène, il s’agit de la plus ambitieuse réalisation de la compagnie à ce jour. "Ce spectacle prolonge notre recherche, mais il est très différent des précédents, il témoigne d’une plus grande liberté. Pour le construire, nous avons volontairement oublié tous les modèles préexistants pour ne convier que le nécessaire. Le résultat semble si mouvant que des transformations se produiront sûrement après chacune des représentations."
La nouvelle Babylone
Avec cette nouvelle production, de Vasconcelos entreprend un cycle exprimant sa préoccupation pour notre monde. Pour fouler les origines de notre civilisation, elle s’est entourée d’une équipe de comédiens, danseurs et musiciens issus des communautés culturelles les plus diverses. "Je suis très fière de cette distribution de haut calibre, l’une des plus hétérogènes avec lesquelles j’ai collaboré." Ceux qui ont déjà assisté à une création de la compagnie savent à quel point la musique y est fondamentale. Cette nouvelle réalisation ne fera pas exception, puisque les compositions aux sonorités moyen-orientales de Sam Shalabi (interprétées aux instruments traditionnels) auront pour contrepoint les pièces électro-acoustiques conçues par Mitchell Akiyama. Pour la metteure en scène, il s’agit d’une oscillation nécessaire entre deux paysages sonores.
Si cette dixième production pose un regard sur notre époque, elle le fait avant tout dans une perspective ancestrale. Le projet trouve d’ailleurs son inspiration initiale dans la riche histoire de la ville de Babylone. Considérée comme le bassin de notre civilisation, elle a notamment donné naissance à l’architecture. Alors que toutes les religions et les cultures s’y côtoyaient, il ne reste plus aujourd’hui que les ruines de cette cité mythique. "Nous sommes la nouvelle Babylone, nous dit la metteure en scène. La Terre est un village global où se rencontrent et s’entrechoquent les cultures les plus diverses, le meilleur et le pire, la beauté et l’horreur. Je crois que la situation est grave, qu’il faut tout mettre en œuvre pour sauver le merveilleux et fragile jardin suspendu qui nous sert de planète."
Du 30 janvier au 14 février
À l’Usine C