Sophia Gaspard : Preuve d’identité
Un retour attendu: la 2e édition de la série "DNA – Définition non applicable", cet événement réunissant mouvements, images et sons autour du thème de l’urbanité. SOPHIA GASPARD en sera…
Né en mars 2003, ce happening unique au Canada provient de l’initiative de trois salles – Tangente, le MAI et le Gesù – qui se sont regroupées sous forme de réseau. Le projet? Permettre des moments de rencontre et de réflexion sur les enjeux de cette culture urbaine d’une jeunesse globalisée, qui caractérise le tournant du troisième millénaire.
Au programme des trois fins de semaine de diffusion artistique proposées, nous retrouvons YENENDI ou le dieu de la pluie, du chorégraphe d’origine ivoirienne Serge Marius Takri (au Gesù, du 15 au 17 janvier); Never End et Free the Angel, du New-Yorkais Nicholas Leichter (à Tangente, du 29 janvier au 1er février); et un Freestyling sur des formes de hip-hop et +, présenté au MAI (du 29 janvier au 1er février et du 5 au 7 février), mettant de l’avant le collectif féminin 4Temps et les trois jeunes chorégraphes et interprètes K8 Asterlund, Sarah Febbraro et Sophia Gaspard – laquelle a bien voulu nous expliquer ce qui motive son implication au sein de la culture hip-hop.
Une autre vision du monde…
"Je suis black, me dit-elle en commençant. Mes ancêtres l’étaient et mes descendants le seront. Certains ont beau vouloir éviter cette réalité, rien ne l’empêchera. Au-delà de ça, ce qu’on peut changer, c’est la vision que les gens ont de nous. Cela permettrait également de changer le fait d’être toujours catégorisés et jugés en fonction de nos origines." Selon elle, cette transformation passe par la culture et l’éducation. Plus les gens seront informés, plus ils auront un regard critique sur ce qui se fait et se dit autour d’eux. Il ne faut donc pas tomber dans le piège de faire semblant que les choses n’existent pas; il faut voir et dénoncer. La culture hip-hop a ce mandat, en plus de permettre un questionnement sur l’identité.
"Je ne crois pas, poursuit Sophia Gaspard, que ce phénomène ne concerne que les blacks. Je ressens une grande affinité avec les femmes des autres communautés culturelles… avec leurs enfants, aussi. C’est pourquoi ça me touche beaucoup quand je vois les horreurs que peuvent engendrer le fanatisme religieux et l’abus de pouvoir sur les minorités ou sur ceux qui n’ont pas les moyens de répliquer."
Le pouvoir de la culture…
La jeune danseuse ressent avec urgence un désir de danser le droit à la liberté d’être et de penser au-delà des stéréotypes raciaux, religieux ou sexuels à l’intérieur desquels on nous enferme trop souvent. "Bien sûr, j’écoute du hip-hop et du jazz, qui sont tous deux issus de la culture black. Mais je tripe aussi sur Nina Hagen et sur Vivaldi." La culture a, pour elle, le pouvoir d’ouvrir sur de nouveaux horizons. Dans cette optique, il devient alors possible de voir autrement. Elle admet donc être motivée par une cause et un dynamisme très hip-hop, mais c’est dans le but de toucher à l’universel, en ouvrant le discours hip-hop vers (et par) ces autres cultures.
Jess Kom ou Dance For Your Right To Fight, qu’elle nous présentera au cours du Freestyling, s’inspirent donc de diverses sources, tant musicales que littéraires. Entre autres, d’une autobiographie de l’Américaine Assata Shakur, une membre du parti Black Panthers qui s’est battue pour la libération black, dans les années 70-80. En même temps, elle se sent attirée par l’essence punk et le côté rebelle et marginal de la chanteuse allemande Nina Hagen, ainsi que par l’aspect spirituel de la musique de Vivaldi.Nous suivrons de près cet événement urbain, qui s’adresse à l’intelligence autant qu’aux sens.
Du 15 janvier au 7 février
Dans divers lieux de diffusion