Les Noces de Marie : L'amour s'en va-t-en guerre
Scène

Les Noces de Marie : L’amour s’en va-t-en guerre

Les histoires d’amour au théâtre ont sur-utilisées l’exubérance. C’est pourtant dans la simplicité que le lyrisme prend tout son sens…

Comblée. C’est le seul mot qui vient en bouche à Danielle Grégoire pour décrire les mois qui viennent de s’écouler. La metteur en scène, qui vient d’avoir un bébé, met les touches finales à la production Les Noces de Marie, qu’elle a traduite et adaptée pour le Théâtre de l’Île. "Depuis quelques années, je travaille à "étirer mon muscle de l’audace", d’affronter mes peurs… J’avais peur de rechanter sur scène, j’ai fait Neuf mois, j’avais peur d’écrire, j’ai fait des traductions…", explique celle qui a gagné le Masque de la traduction et de l’adaptation pour Neuf mois. Cette fois, elle s’est attaqué à l’œuvre de l’auteur albertain Stephen Massicotte qui a gagné de nombreux prix et qui a été jouée à plusieurs reprises au Canada et aux États-Unis dans sa version anglaise. L’histoire d’amour qui prend vie à l’aube de la Première Guerre mondiale, met en scène Marie, une bourgeoise parisienne et Charlie, un jeune fermier albertain. La pièce est racontée en flashback alors que Marie, à la veille de son mariage, rêve de ce premier amour que la guerre a éprouvé. "Dès le début de notre aventure, j’ai demandé aux comédiens de s’engager envers eux-même à l’authenticité", affirme la metteur en scène qui ne voulait surtout pas que les comédiens illustrent des émotions pré-fabriquées. En épurant la scénographie, en restreignant les effets sonores et en simplifiant le décor, elle désire faire appel à l’imagination de ses spectateurs: "Je veux qu’ils aient autant de plaisir que nous en avons eu, les créateurs, à lire la pièce et à laisser notre esprit dériver dans cette histoire."

Elle n’a toutefois pas laissé ses comédiens au hasard en leur apportant toute la documentation possible sur la grande guerre. "Elle nous a aussi interpellé dans nos histoires personnelles, à savoir le premier baiser, le premier amour… Je me souviens étant jeune, être allé au cinéma et m’être "primé" tout au long du film juste pour mettre mon bras autour des épaules de la jeune fille qui m’accompagnait. C’est cette émotion qu’elle nous a aidé à retrouver", explique Vincent Poirier qui incarne le rôle de Charlie auprès de la comédienne Manon Leblanc dans le rôle de Marie. "Je crois que si les jeunes apprivoisaient davantage le vertige amoureux, ils n’auraient pas tant besoin de bungee ou toute autre activité extrême. Parce que je suis convaincue que c’est l’amour le plus grand vertige et le spectacle reflète cette sensation en quelque sorte: épeurant, mais bon en même temps", conclut Danielle Grégoire.

Jusqu’au 28 février
Au Théâtre de l’Île
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