Willy Graf : Fictive réalité
Scène

Willy Graf : Fictive réalité

Jusqu’où la fiction et le réel peuvent-ils influer l’un sur l’autre? Quels sont les liens entre l’art et la réalité? Est-ce que l’art est un exutoire de la réalité? Est-ce que l’art est rédempteur?… ce sont-là toutes des questions que soulève la nouvelle pièce de MICHEL OUELLETTE, récemment honoré pour le Masque de la meilleure production franco-canadienne pour Le Testament du couturier.

La production Willy Graf est issue d’un mariage théâtral entre deux directions artistiques: celle du Théâtre de l’Escaouette de Moncton avec Marcia Babineau et celle du Théâtre de la Vieille 17 d’Ottawa avec Robert Bellefeuille, qui manifestaient tous deux le goût de travailler avec l’auteur.

Willy Graf (Jacques Baril) est un ex-pompier, blessé dans l’exercice de ses fonctions, qui voit sa vie chamboulée par une série d’événements qu’il semble ne plus contrôler. Il fait la rencontre de Nina (Isabelle Bélisle), Ping (Nadia Savoie) et Jacob (François Bertrand-Prévost), des êtres fuyant le passé. Il croise aussi le chemin de Sara Rosenfeld (Diane Losier), une artiste qui prétend le connaître, puisqu’il est le héros de son roman. Mais bientôt, des coïncidences entre des personnages du roman et des personnages réels semblent manipuler sa réalité. Michel Ouellette interroge de ce fait le pouvoir de l’écriture et d’interprétation de la réalité. "Les textes de Michel sont souvent perçus comme des textes feuillus, denses mais, contrairement à ses œuvres antérieures qui sont plus obscures, celle-ci va de l’obscurité à la lumière, de l’ombre à la clarté, explique Robert Bellefeuille. Cette mouvance évolue aussi à travers les personnages, qui sont au départ, chargés d’un lourd passé, mais qui se déchargent passant de la culpabilité et de la vengeance à la rédemption."

L’histoire de Willy Graf est née d’une anecdote personnelle vécue par la petite sœur de l’auteur, alors âgée de quatre ans, qui perdit une amie, happée mortellement par une voiture. Michel Ouellette se souvient du visage du chauffeur, rongé par la culpabilité et s’en est inspiré pour son héros qui vit une situation semblable. "Michel parle à travers son personnage de Sarah Rosenfeld, lorsqu’elle dit: "Pour créer, il faut se servir de tout: le réel, l’irréel, le possible, l’impossible, les accidents…" Son discours est donc cohérent avec son histoire, mais le personnage de Sarah va encore plus loin", avance l’homme de théâtre, Robert Bellefeuille. "Toute œuvre artistique est autobiographique en quelque part, c’est lié au créateur d’une façon ou d’une autre. Je pense que c’est par là que Michel est passé pour créer l’effet de mystère, d’envoûtement de la pièce", conclut la metteur en scène acadienne, Marcia Babineau.

Jusqu’au 7 février
À La Nouvelle Scène
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