Appuyez sur l’étoile – Entrevue avec Hugues Frenette : Ondes de choc
De la scène, où il apparaît régulièrement depuis qu’il a terminé au Conservatoire en 1996, HUGUES FRENETTE passe aux coulisses. Après avoir joué, notamment, dans La Trilogie des dragons, Lentement la beauté, Marie Tudor, Les Trois Sœurs, il se lance dans l’aventure de la mise en scène avec Appuyez sur l’étoile, première pièce de CHRISTIAN VÉZINA.
Appuyez sur l’étoile
présente Kim (Catherine Larochelle) et Alex (Christian Michaud), deux squeegees qui, dans un théâtre désaffecté, préparent une vidéo qu’ils comptent passer en ondes, en plein journal télévisé. Si la pièce est l’occasion d’une critique sociale, "c’est d’abord et avant tout une histoire de couple, explique Hugues Frenette. C’est une histoire d’amour, mais un amour très particulier, vécu à cent milles à l’heure par un couple de marginaux, pas solide du tout, qu’on retrouve à un moment charnière. Ils s’aiment profondément, d’un amour un peu altéré par le genre de vie qu’ils mènent, mais ils ne sont pas en mesure de se le dire. La dynamique entre eux est intéressante. Elle, d’abord, n’a pas eu vraiment de famille: elle est issue de la rue et n’a pas eu de chance, mais elle vit bien avec ça. Lui est issu d’un milieu plutôt bourgeois; il a quitté le foyer familial parce que les valeurs ne concordaient pas, et il en veut à mort à son père. Il est enragé contre toute la société, mais on sent bien que sa blessure est plus profonde."
Cette pièce de Christian Vézina représente, pour Hugues Frenette, un terrain propice à une première exploration de la mise en scène. Un texte qu’il connaît depuis deux ans, un seul lieu, deux personnages, beaucoup de temps de répétition: les conditions idéales, semble-t-il, pour mûrir le projet, et se consacrer à fond à un aspect du travail qu’il aime particulièrement, la direction d’acteurs.
"On a beaucoup travaillé le jeu pour essayer de présenter, le plus fidèlement possible, ces personnages et cette action très dense. On est partis du principe que ces personnages, qui ont notre âge, mais qui ont vécu dans la rue, ont connu, vu, appris, senti beaucoup plus de choses que nous. Ils ont une expérience plus vaste, un regard plus acerbe sur la société, qu’ils affrontent au quotidien, une grande franchise, presque naïve. Je me suis aussi inspiré de ce que Wajdi Mouawad disait à l’époque où on interprétait des junkies dans Trainspotting, à Montréal. Il ne faut pas tomber dans la caricature, ni dans le documentaire. On veut juste avoir sur scène des personnages réels, vivants, auxquels on croit, et auxquels sont attribués des qualités et des défauts. Hors de ça, qu’ils soient accoutrés de telle façon, c’est un aspect supplémentaire d’un personnage, mais qui ne doit pas motiver tout. On s’est méfiés de ça. Les acteurs ont une grande liberté, dans l’interprétation et dans la mise en place; c’est très réaliste, très franc comme façon de jouer. Si je ne me suis pas trompé, je pense que c’est une bonne initiation à la mise en scène. Parce que même si les concepteurs et les acteurs apportent énormément de choses auxquelles je n’avais pas pensé, c’est moi qui signe: Appuyez sur l’étoile, c’est ma mise en scène. L’implication personnelle s’en trouve grandement améliorée par rapport au simple fait de jouer. Et le degré de nervosité est quintuplé… Ça m’énerve… Mais c’est formidable: c’est vraiment une découverte."
Pierre Gauvreau, Paul Hébert, Vano Hotton, Bernard White, Yves Dubois et Marie-Josée Bastien complètent l’équipe.
Jusqu’au 6 mars
Au Théâtre Périscope
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