Appuyez sur l'étoile : Critique: Appuyez sur l'étoile
Scène

Appuyez sur l’étoile : Critique: Appuyez sur l’étoile

Jusqu’au 6 mars
Au Théâtre Périscope

Kim et Alex, deux jeunes de la rue, font irruption dans un théâtre désaffecté. Leur projet: préparer un message vidéo criant à la société ce qu’ils pensent d’elle, pour ensuite le faire passer en ondes, en plein journal télévisé.

Le théâtre qu’ils squattent est la salle du Périscope; les deux comédiens y entrent, par une porte de côté, lumières encore allumées, comme si le forfait était perpétré en direct, sous les yeux des spectateurs.

Sur la scène à l’abandon traînent panneaux, praticables, toiles de plastique, objets épars (Vano Hotton). Tout y a été laissé en plan, sauf l’éclairage (Bernard White), créant diverses ambiances à mesure que les personnages manipulent la console. Beau et très réussi, le dispositif donne l’impression que les personnages se trouvent hors du temps et de l’espace, véritablement en marge du monde. La mise en scène d’Hugues Frenette, simple, axée sur l’interprétation, exploite bien le plateau et son dénuement, jouant du rapprochement et de l’éloignement des personnages. Les accompagne la présence très subtile, et appropriée, de la musique (Yves Dubois).

Comme l’expliquait en entrevue le metteur en scène, le projet des deux acolytes est prétexte à présenter une "histoire de couple" et, en fait, une réflexion sur les rapports affectifs. Relations d’amitié, d’amour, relations père-fils: ces liens, ou leur absence, sont au cœur des blessures des personnages, beaucoup plus que la société et son intolérance.

C’est par là qu’Appuyez sur l’étoile, par moments, étonne. Donnant la parole à des marginaux, révoltés contre le système, le texte bifurque vers des considérations beaucoup plus intimes et laisse en suspens la piste sociale. Cet aspect critique gagnerait, semble-t-il, à être développé, si ce n’est par l’approfondissement des propos tenus en début de pièce.

Par la suite, le texte de Christian Vézina gagne en efficacité et en profondeur lorsqu’il explore l’univers des sentiments et la douleur qu’ils engendrent parfois. Liens ingénieux entre divers éléments du spectacle, scènes touchantes et belles – la chanson de Kim, par exemple -, comédiens justes et sensibles (Catherine Larochelle, Christian Michaud et, en images, Paul Hébert): l’ensemble propose alors un regard frais sur la solitude et les exigences de l’amour, à travers le mouvement inquiet, mais déterminé, de ces personnages attachants.