L’En dedans sens dessus dessous : Sans queue ni tête
Avec L’En dedans sens dessus dessous, un moment de théâtre inspiré par la poésie d’Hélène Monette, Anne Millaire propose une suite de tableaux chaotiques dont la cohésion ne finira jamais par poindre. Tout droit sorti d’un cirque malhabile, l’étrange duo qu’elle compose avec Marie-Laure Cloarec évolue dans les eaux troubles de l’enfance. Sur un plateau constellé de poupées et de jouets, un personnage clownesque s’acharne à commenter les faits et gestes d’une femme dont les changements de costumes successifs illustrent la transformation psychologique. Malheureusement, les élucubrations de ce tandem ne sauront concerner le spectateur, le condamnant le plus souvent à une abyssale perplexité.
Alors que certaines scènes sont transportées par l’humour corrosif des interprètes et les riches ambiances musicales instaurées par Pierre Tanguay, d’autres s’enlisent dans de vaines acrobaties. Le spectacle éparpille fâcheusement le discours auquel il veut rendre hommage et affadit le regard impitoyable de la poète en l’affublant de procédés injustifiés. Cherchant à tout prix à dégager le comique de ces vers plutôt que de mettre en valeur un des réseaux de sens irriguant l’œuvre, les comédiennes agissent à contre-courant de la prise de parole qu’elles souhaitent défendre. Malgré les quelques instants de justesse offerts par cette représentation, elle nous fait surtout regretter de n’être pas en train de lire cette poésie, plutôt que de la deviner sous de tels travestissements.
Jusqu’au 21 février
À l’Espace Libre
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