Yann Tanguay : Des chiffres et des lettres
Scène

Yann Tanguay : Des chiffres et des lettres

Alors que Douze (12) reprend l’affiche à La Petite Licorne, le polyvalent YANN TANGUAY ne peut que se réjouir du succès insoupçonné que reçoit la première production professionnelle de la compagnie qu’il dirige.

À la tête du Théâtre du Désordre depuis 2002, Yann Tanguay semble aussi ravi que dépassé par le cours actuel des événements. Le jeune homme de 24 ans signait en mars dernier un premier spectacle au sein de sa compagnie. Alors que Douze (12) ne devait tenir l’affiche que quatre soirs, ce coup d’envoi obtint une réception si chaleureuse que des supplémentaires furent nécessaires. De retour ces jours-ci sur la scène qui l’a vue naître, la production entreprendra en avril une tournée des maisons de la culture.

Douze (12) est né d’une impulsion, du désir de réunir sur une même scène 12 monologues inédits, issus de la relève. Pour y arriver, Yann Tanguay lance en 2002 un appel de textes dans les pages de Voir et sur Internet. Parmi les quelque 30 propositions reçues, les membres de la compagnie retiennent (sans connaître au préalable les noms de leurs auteurs) celles qui frappent leur imaginaire et présentent un certain nombre de points communs. Si sept des monologues sont l’œuvre de dramaturges aguerris: Olivier Choinière, François-Étienne Paré (qui en signe quatre), Évelyne de la Chenelière et Francis Monty, les cinq autres proviennent d’auteurs qui en sont à leurs premières armes: Maia Loinaz, Émilie Gauvin, Mélanie Roy, Lord Royal Bâton (un pseudonyme) et Christian Brisson Dargis. Voilà une mixité ne pouvant que réjouir un metteur en scène qui a fondé sa compagnie pour provoquer les échanges entre nouveaux venus et artistes établis.

Instants critiques
Provenant d’horizons divers, mais ayant en commun la jeunesse et une passion viscérale pour le théâtre de création, Christian Brisson Dargis, Élisa Compagnon, Éliane Fontaine, Christian Laporte, Catherine Paré et Yann Tanguay (aussi acteur) prêtent leurs visages et leurs corps à 12 personnages en déséquilibre, 12 individus interceptés dans un moment crucial de leur vie. Comme le précise le metteur en scène, "ce sont des êtres fissurés que nous découvrons alors qu’un événement menace leur fragile sécurité; nous sommes les témoins privilégiés de leurs états limites. S’il fallait dégager une constante, ce serait la violence sournoise dont la société actuelle est capable. Elle s’impose dans chacune de ces prises de parole."

Si Yann Tanguay est particulièrement engagé dans ce projet, il paraît malgré tout à l’aise avec les multiples fonctions qu’il doit endosser, souvent simultanément, pour le mener à bien. Chose certaine, il ne semble pas motivé par la gloire. "Je me réjouis de la plus grande place accordée actuellement aux jeunes créateurs. Je ne serais pas malheureux d’être associé à la relève toute ma vie. On y donne un précieux droit à l’erreur." Voilà ce qu’on appelle entrer dans le métier avec philosophie.

Jusqu’au 8 mars
À La Petite Licorne
Voir calendrier Théâtre