Francis Ducharme : En vers et contre tous

En janvier dernier, Francis Ducharme interprétait son premier rôle dans une production théâtrale professionnelle. Pour l’occasion, il s’était glissé avec aisance dans la peau de Max, le héros d’Aphrodite en 04, une audacieuse aventure orchestrée par Évelyne de la Chenelière et Jacques L’Heureux au sein du NTE. Après cette remarquable entrée en matière, il retrouve celles et ceux avec qui il a passé quatre ans à apprendre son métier pour incarner Rimbaud, la figure par excellence du poète maudit, dans un spectacle inspiré d’Une saison en enfer.

En 2003, les finissants en interprétation de l’Option-théâtre du Collège Lionel-Groulx formaient la compagnie FragmenThéâtre. Pour marquer le coup d’envoi de leur groupe, ils reprennent ces jours-ci Carnet de damnés, un spectacle créé collectivement dans le cadre d’un exercice de troisième année. Un atelier dont l’étincelle fut sans nul doute le Hamlet-machine mis en scène par Brigitte Haentjens. C’est notamment la performance de Marc Béland qui donna envie aux 11 étudiants de travailler à l’élaboration d’un langage gestuel au théâtre. "On avait tous le désir d’explorer les frontières ténues entre la danse et le théâtre, se souvient Francis Ducharme. On voulait savoir ce que pouvaient donner 11 acteurs qui dansent. On s’est donc lancé à la recherche d’un langage corporel violent, chargé, presque obsessif."

Rapidement fixé sur le choix d’un support textuel, le groupe a travaillé durant huit semaines à la création d’un spectacle inspiré par l’œuvre phare de Rimbaud. "Comme nous étions à la recherche d’un corps poétique, ce recueil nous convenait tout à fait. Nous avons alors tenté de traduire le texte en mouvement. Parfois le corps endosse le sens des mots et parfois il le conteste." C’est leur professeur Claude Laroche, un pionnier du Grand Cirque Ordinaire et un habitué de la LNI, qui signe la mise en scène. Reprenant l’affiche deux ans après sa création, la pièce est peaufinée et approfondie. Entre autres améliorations, le chorégraphe Dave St-Pierre a précisé le langage gestuel des interprètes. Au centre d’un parcours souvent très éclaté, la figure du poète permet d’organiser les différents tableaux. "C’est une œuvre de sensations et d’atmosphères où il y a une profusion d’images. Nous sommes dans le cerveau du poète. Cela exige de l’ouverture de la part du spectateur, de la disponibilité."

Si des projets divers et contrastés animent Francis Ducharme en parallèle, il semble tout particulièrement attaché à la création qu’il s’apprête à livrer. "C’est notre bébé! Si notre point de départ est un texte classique, le résultat est une création pure."

Du 2 au 20 mars
À la Salle Fred-Barry
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