Les 40 ans du Théâtre Denise-Pelletier / Pierre Rousseau : Le passeur
Scène

Les 40 ans du Théâtre Denise-Pelletier / Pierre Rousseau : Le passeur

Alors que le Théâtre Denise-Pelletier célèbre ses 40 ans d’existence, PIERRE ROUSSEAU, qui en assure la direction artistique depuis près d’une décennie, semble plus que jamais investi par sa mission.

Depuis sa fondation en 1963 par Georges Groulx, Gilles Pelletier et Françoise Graton, le Théâtre Denise-Pelletier (autrefois Nouvelle Compagnie Théâtrale) a présenté près de 200 productions devant plus de 4 000 000 de spectateurs. La compagnie, qui occupe le majestueux bâtiment du quartier Hochelaga-Maisonneuve depuis 1977, reçoit aujourd’hui des étudiants en provenance de 198 écoles différentes. Tout en respectant les traditions de l’institution, Pierre Rousseau donne au TDP une tonalité bien personnelle. En poste depuis 1995, il se fait un devoir d’offrir aux adolescents un théâtre qui sache à la fois les accueillir et les respecter.

Loin d’avoir la langue dans sa poche, l’homme en a long à dire à propos de son quotidien de directeur et des exigences très élevées du public auquel il se consacre. "C’est un plaisir mais aussi une responsabilité de diriger un lieu qui a pour mission de faire découvrir et aimer le théâtre aux jeunes. Je dois construire une programmation qui suscite l’intérêt des adolescents tout en répondant aux attentes des professeurs et du grand public." Pour y arriver, le directeur mise beaucoup sur la préparation des jeunes spectateurs. Il visite lui-même de nombreuses écoles de la région montréalaise afin de préparer les étudiants et les professeurs à l’expérience théâtrale qu’ils s’apprêtent à vivre. "Ces rencontres préparatoires sont essentielles, elles offrent aux étudiants des clés pour entrer dans l’œuvre et contribuent à démystifier les conventions et même les métiers du théâtre."

Jeunesse d’aujourd’hui
Véritable "entremetteur" culturel, Pierre Rousseau incite le plus souvent possible les metteurs en scène à travailler avec de jeunes acteurs et concepteurs. "Employer un acteur qui a l’âge du personnage ne peut que faciliter un sentiment d’identification chez le spectateur adolescent. Il faut mettre en relief l’implication des jeunes dans la pièce, c’est le meilleur moyen de les concerner. Quand il y a des jeunes sur la scène du TDP, le courant passe dans la salle!" S’il recherche l’adhésion de son public, le directeur artistique n’est pas prêt à faire des bassesses pour y arriver. "Nous avons l’objectif de faire découvrir la dramaturgie universelle, de donner aux jeunes la plus vaste idée de ce qu’est le théâtre. Il est hors de question de simplifier ou d’amoindrir les pièces. Il faut garder la barre haute, voilà pourquoi nous faisons tout pour donner à nos spectateurs les moyens de s’y rendre."

Après avoir été acteur, metteur en scène, pédagogue et directeur du Conseil québécois du théâtre (CQT), Pierre Rousseau semble tout à fait à l’aise dans ses fonctions de directeur artistique. Véritable touche-à-tout, son rôle au sein du TDP lui permet d’œuvrer dans toutes les sphères de l’activité théâtrale. Il glisse avec une étonnante aisance de l’artistique à l’administratif, en passant par le pédagogique. S’il n’a pas signé de mise en scène dans son théâtre depuis 1997, il ne s’en porte pas plus mal. "Je suis avant tout un animateur ou un agitateur culturel. Comme la partie la plus agréable de mon travail consiste à créer des rencontres entre une œuvre et des artisans, je ne peux lire un texte sans me demander qui serait le meilleur metteur en scène pour le monter." En charge de la programmation des deux salles du TDP (au total, une quinzaine de spectacles par année), Pierre Rousseau continue de penser que son art doit à tout prix demeurer libre et accessible. Espérons qu’il défende ses principes encore longtemps.