Claudia Fancello : Péter sa balloune
Scène

Claudia Fancello : Péter sa balloune

Tangente nous présente, dans le cadre de sa série SaGeste, les solos de trois créatrices nord-américaines, dont la Montréalaise CLAUDIA FANCELLO.

Cette jeune artiste touche-à-tout, qui aime se frotter à divers modes d’expression (mouvement extrême, théâtre, travail de la voix, vidéo-danse, etc.), est cofondatrice du collectif féminin de breakdance Solid State. Elle est aussi membre du Monster Dance Theatre. On a pu la voir évoluer jusqu’ici, comme interprète, dans l’univers des chorégraphes Tammy Forsythe, Julie Lebel, Martha Carter, Lauren Degilio et Martin Bélanger. Des expériences qui l’ont amenée à danser à travers plusieurs pays, tels le Canada, la Grèce, le Costa Rica et la Croatie.

La pièce de Claudia Fancello, dont le thème principal est la phobie, s’intitule Pins and Needles. "Tout ça est parti de ma peur des ballounes, confie-t-elle. J’ai toujours peur que ça éclate, ces trucs-là!" Le titre, provenant d’une expression anglophone qui signifie en français "être engourdi par des picotements ou avoir des fourmis dans les jambes, dans les bras…", est lié à cette peur. "En fait, poursuit la chorégraphe-interprète, il y a deux niveaux d’interprétation à ce titre. Le premier, c’est les aiguilles qui peuvent faire péter la balloune; le deuxième, c’est cet état d’engourdissement, d’anesthésie ou de paralysie qui survient souvent comme une réaction ou un réflexe lorsqu’on est confronté à ses peurs."

Tâter le pouls
L’objectif de cette création était de faire une étude humoristique sur les situations ridicules que peuvent engendrer les différentes phobies humaines. "J’ai choisi de traiter ce sujet sérieux de manière plutôt clownesque, parce que je crois que le rire place le public dans un état d’ouverture qui favorise la réception. Dans cette optique, l’humour semble être un bon moyen de sensibilisation, de connaissance du monde et d’apprentissage", explique Claudia Fancello.

Pour arriver à mieux saisir et développer son propos, elle a tout d’abord élaboré un petit questionnaire qu’elle a ensuite distribué à "l’homme de la rue". Dans ce questionnaire, elle demandait aux répondants volontaires de décrire une de leurs peurs les plus profondes et d’expliquer leur réaction physique face à celle-ci; des peurs et des réactions qui se sont avérées souvent très loufoques, avoue l’instigatrice du projet. Forte de cette vaste source d’inspiration, elle a commencé son travail d’exploration en studio. C’est alors par le biais de ces nombreux scénarios vécus que la créatrice a composé la gestuelle théâtrale et absurde qui a donné naissance au solo.

"Ce que ça donne, corporellement, c’est un mouvement révélant l’inconfort", affirme Claudia Fancello. "Ça se reflète aussi dans la scénographie visuelle et sonore, qui permet de ressentir comme une sorte d’état d’urgence permanent… un décompte, qui n’aboutit jamais à une fin en soi, mais qui sert plutôt de lien entre chaque crise de phobie", ajoute-t-elle. Pins and Needles est donc le fruit d’une étroite collaboration entre le compositeur de musique Eric Craven, la scénographe Amy Keith, la conceptrice d’éclairages Ame Henderson et la chorégraphe.

Cette création est présentée à l’intérieur d’une soirée partagée, au cours de laquelle vous pourrez également voir quatre autres pièces. Il s’agit, dans un premier temps, des solos Prelude for Salome, Moondog #3 et Dances for Airports de la New-Yorkaise Sarah Skaggs: trois courtes pièces révélatrices d’un désir d’allier émotions et kinésie. Dans un deuxième temps, la chorégraphe-interprète originaire d’Halifax Sally Morgan présentera sa nouvelle création more earth, he said: une exploration qui porte, entre autres, sur l’identité sociale de l’individu.

Du 11 au 14 mars
À Tangente

Les Grands Ballets Canadiens de Montréal
La compagnie montréalaise reçoit une fois de plus la visite du chorégraphe israélien Ohad Naharin, qui a déjà légué deux œuvres aux GBCM: Axioma 7 et Perpetuum. Le créateur nous présentait tout récemment sa pièce Naharin’s Virus, en compagnie de la Batsheva Dance Company d’Israël, lors de la dernière édition du FIND, à l’automne 2003. Il revient maintenant dans la Métropole pour nous offrir son assemblage chorégraphique Minus One, que le grand public a eu l’occasion d’apprécier une première fois en 2002. Cette pièce, interprétée par les Grands Ballets, comprend des segments de ses œuvres précédentes Anaphaza (1993), Black Milk (1985), Sabotage Baby (1997), Zachacha (1998) et Mabul (1992).

Du 10 au 13 mars
Au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts