Douze (12) : La folie en 12
Scène

Douze (12) : La folie en 12

Créée l’an dernier, Douze (12) est la première production professionnelle du Théâtre du Désordre. Metteur en scène et directeur artistique de la jeune compagnie, Yann Tanguay y propose une rencontre avec douze personnages imaginés par neuf auteurs et interprétés par six comédiens. Bien que cette juxtaposition de monologues aux tons les plus divers évoque très certainement la formule des populaires Contes urbains, elle s’éloigne si radicalement du réalisme qu’elle parvient à forger un spectacle aussi singulier que désarçonnant. Les quatre textes signés par François-Étienne Paré contribuent grandement à instaurer ce déroutant climat. S’ils permettent de goûter au ludisme langagier dont l’auteur a déjà prouvé la maîtrise, ils atteignent aussi parfois un degré d’absurde qui frôle dangereusement l’hermétisme. Chose certaine, ces éclatantes partitions donnent de la matière aux acteurs dont le jeu s’avère par moments quasi acrobatique. Offrant un contrepoint aux mots de Paré et Lord Royal Bâton, les autres monologues exploitent la finesse et la virulence du discours. Ainsi, Evelyne de la Chenelière, Émilie Gauvin, Mélanie Roy, Francis Monty, Christian Brisson Dargis, Olivier Choinière et Maia Loinaz imaginent des personnages aux réalités éminemment contemporaines. Autant d’individus laminés par les lancinantes violences du travail, de la consommation et du cirque médiatique.

Parmi les six jeunes interprètes de cette production, il faut avouer que les trois comédiennes présentent une longueur d’avance sur leurs acolytes masculins. Rigoureusement dirigées par Yann Tanguay, Élisa Compagnon, Éliane Fontaine et Catherine Paré impressionnent. Les femmes tangibles qu’elles incarnent savent comment posséder l’espace et tenir leur auditoire captif. Avec un minimum de moyens – des chaises accrochées à un semblant de patère et quelques accessoires -, la mise en scène tire habilement profit de la teneur performative de ces prises de parole. Si la cohésion et la fluidité ne sont pas toujours de la partie (l’exiguïté du plateau et l’absence de coulisses n’aidant en rien), Douze (12) prouve néanmoins que des acteurs talentueux et des textes engagés suffisent amplement à faire naître le théâtre.

Jusqu’au 8 mars
À La Petite Licorne
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En tournée dans plusieurs maisons de la culture à compter d’avril