La Rubrique a 25 ans : Jacinthe Rioux, 609 St-Gabriel

L’idée de créer la pièce de théâtre Jacinthe Rioux, 609 St-Gabriel a germé lors d’un souper de filles entre Isabelle Hubert, auteure, Catherine Lachance, metteure en scène et Marie-France Duquette, comédienne. Toutes les trois voulaient participer aux soirées Carte blanche organisées par le théâtre Le Périscope de Québec. "On voulait présenter une pièce durant ces soirées qui sont un banc d’essai. On s’est dit qu’on ferait un one woman show, pour le plaisir", raconte Isabelle Hubert.

Et Jacinthe?
"C’est difficile de résumer la pièce. C’est parti de notre vécu de filles de 30 ans. Jacinthe est exceptionnellement ennuyante. Elle a de la misère à trouver sa place dans la vie et elle est convaincue qu’elle n’a aucune personnalité", résume Isabelle Hubert. Jacinthe Rioux, c’est une jeune femme comme toutes les autres. Sauf que sa vie ne lui offre guère de surprises. Outre son travail de fonctionnaire et une relation peu épanouissante avec Réal, son amoureux, elle s’ennuie la majeure partie de son temps. Jusqu’au jour où elle décide d’en finir avec la grisaille et la monotonie.

Sans chercher à toucher un spectateur en particulier, Isabelle Hubert a voulu, avec cette pièce, "montrer que la platitude est une question de point de vue". Elle aborde les réactions à cette platitude de deux façons, un traitement original. "On voit tout d’abord, dans la première partie, le regard de Jacinthe sur sa vie, explique-t-elle. La deuxième partie, c’est la pièce qui recommence mais avec un point de vue objectif. On n’est plus dans la tête de Jacinthe, on voit la réalité telle qu’elle se déroule." "C’est comme si on racontait l’histoire en deux temps, ajoute Catherine Lachance, la metteure en scène. Jacinthe dit comment elle se voit dans la première partie. En second lieu, on voit vraiment qui elle est, une personne qui a de la difficulté à dire ce qu’elle ressent. Ce qui est intéressant, c’est que la première partie nous permet de la deviner dans la deuxième partie. Le personnage s’adresse au public, ce qui permet de mieux la connaître. On fait les liens. Être au courant de comment elle se voit permet au spectateur de sourire."

On retrouve aussi un apport vidéographique dans la pièce. Catherine Lachance a su allier sa passion pour la mise en scène cinématographique avec l’aspect théâtral. "C’est une façon de faire qui trouve ses sources dans le cinéma. Ce sont des ellipses. Vu que la pièce se déroule sur un an et demi, des tableaux vidéo retracent la vie des personnages." C’est d’ailleurs une dizaine de comédiens de la région qui interviendront dans la vie de Jacinthe.

Retrouver la Jacinthe en soi
Isabelle Hubert admet qu’"il y a une partie de nous qui ressemble à Jacinthe". Pierre Gauvreau et Éva Daigle, les comédiens principaux, y retrouvent un petit quelque chose d’eux-mêmes. "De plus en plus, je me rends compte que Jacinthe est très près de moi, raconte Éva. On a tous peur de voir des aspects de nous. C’est facile de devenir une Jacinthe et de s’isoler." Pierre se sert de lui-même pour interpréter Réal. "Je l’aborde à partir de ce que je connais de moi. On a tous un Réal et une Jacinthe en soi. Et même si Réal est aussi ennuyant que Jacinthe, il est drôle, il se compare à un personnage de La Petite Vie ou des Voisins."

En effet, la pièce d’Isabelle Hubert a un fond de comédie, malgré la réalité qu’elle dépeint. Car même si on décrit Jacinthe comme une fille drabe et ennuyante, tous les membres de l’équipe s’entendent pour dire que Jacinthe Rioux, 609 St-Gabriel décrochera des sourires. "On rit beaucoup", souligne Isabelle Hubert. D’ailleurs, le directeur artistique Benoît Lagrandeur riait à gorge déployée lors de sa première lecture. "J’ai tout de suite été séduit par le texte, qui est drôle et touchant en même temps." C’est grâce à lui que les gens de la région pourront vivre l’expérience de Jacinthe Rioux, 609 St-Gabriel, qui sera en vedette durant trois semaines dans la région.

Du 17 mars au 4 avril
À la Salle Pierrette-Gaudreault
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