Quatuor pour la fin du temps – Entrevue avec Daniel Bélanger : Chaussures à leurs pieds
Scène

Quatuor pour la fin du temps – Entrevue avec Daniel Bélanger : Chaussures à leurs pieds

Avec Quatuor pour la fin du temps, DANIEL BÉLANGER lance sa nouvelle compagnie destinée à donner un coup de pouce à la relève en danse contemporaine de Québec.

D’abord séduit par le Quatuor pour la fin du temps d’Olivier Messiaen, le chorégraphe a été sidéré par le contexte entourant sa création. Messiaen l’a en effet composé dans un camp de concentration pour qu’il soit joué dans les horribles douches que l’on sait. "J’ai fait: "Mon Dieu! Est-ce que je serais capable de créer une œuvre dans une situation comme celle-là?" C’est ça qui m’a vraiment touché", confie-t-il.

Daniel Bélanger a développé une véritable passion pour la vie de cet homme profondément religieux, qui fut organiste d’église, promoteur de la musique sérielle, pédagogue et ornithologue.

En studio, le chorégraphe dit s’être inspiré de la façon dont Messiaen juxtaposait les sons. "On a fait un travail de recherche: on a composé, décomposé, décortiqué. On a juxtaposé des mouvements dans un ordre qui n’est pas nécessairement logique, mais qui crée un certain impact." Jean-Sébastien Côté a procédé de façon similaire pour composer sa trame sonore à partir de la pièce musicale de Messiaen.

Si le résultat peut sembler abstrait de prime abord, le spectateur ne pourra s’empêcher d’y trouver certaines évocations, selon Bélanger. "C’est très imagé", assure-t-il. Plusieurs symboliques proviennent de l’œuvre musicale, comme celle du chiffre sept de même que le rapport ange-oiseau. Les filles dansent en souliers, un objet chargé de sens. "Le soulier, c’est le pouvoir. Je trouve aussi que le soulier a un côté très féminin, très sensuel, et ça vient s’opposer au fait qu’elles dansent de façon carrée par moments."

Bien qu’Amélie Bédard, Marie-Pierre Lamontagne, Jeneviève Magnan et Andréanne Masson n’incarnent pas de personnages, certains rapports de force se dessinent forcément entre ces quatre femmes prisonnières d’un même lieu. On peut facilement imaginer un camp de concentration. Le chorégraphe n’a cependant pas voulu verser dans la misère physique.

"J’aime beaucoup travailler avec des jeunes", conclut Daniel Bélanger, en saluant la fougue et la disponibilité de ses interprètes, toutes sorties de l’école il y a moins de deux ans. C’est d’ailleurs pour aider les jeunes diplômés de Québec qu’il a fondé Code universel l’automne dernier.

Jusqu’au 11 mars
Au Studio d’essai de Méduse
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