Le Désir de Gobi : Un direct au cour
Que ce soit pour vivre des émotions, découvrir des univers différents ou se laisser emporter par la beauté d’un texte, les raisons d’aller au théâtre se font multiples. Et toutes ces raisons se retrouvent réunies dans la touchante coproduction du Théâtre du Double Signe, Le Désir de Gobi.
Le Désir de Gobi, c’est avant tout le désir de Nine (Catherine Rousseau), une adolescente au passé très lourd. Alors qu’elle avait 11 ans, Nine a été abandonnée par sa mère et séquestrée par son père, qui ne voulait pas perdre sa fille comme il avait perdu sa femme. Durant un an, la fillette a été enfermée dans une toute petite pièce, sans aucun contact avec l’extérieur. Comble du drame, son père s’est suicidé devant elle au moment où elle a enfin été libérée.
Une histoire comme celle-là aurait facilement pu tomber dans le pathos. Mais on éprouve surtout de l’admiration pour cette petite battante qui se réfugie dans l’imaginaire pour survivre. La pièce se déroule deux ans après le "châtiment". Le psy de Nine, le Dr Morlock (Patrick Quintal), tente de lui faire mettre des mots sur sa souffrance. Le récit oscille donc entre la réalité des rencontres avec le Morlock et l’évasion dans un monde imaginaire, où Nine côtoie Colas (Marc-André Charrette), un autre enfant malmené par la vie.
Le texte de Suzie Bastien est appuyé par la mise en scène de Gill Champagne et le décor de Jean Hazel, qui misent sur le symbolisme. En toile de fond, le sol aride du désert de Gobi représente à la fois le désert du cœur et le réconfort de Nine. Sur la scène se dresse un grand mur où se réfugient et grimpent les personnages selon qu’on se retrouve dans le monde imaginaire ou la réalité. Enfin, une fosse vient représenter le passé d’où Nine doit s’extirper.
Les trois comédiens de la production excellent. Campant une Nine très solide, Catherine Rousseau se fait particulièrement touchante lorsqu’elle parvient enfin à dire l’indicible. Avec sa voix chuchotée, elle nous atteint droit au cœur, nous fait frissonner et même monter les larmes aux yeux.
Coproduite par le Théâtre du Double Signe, le Théâtre Trillium d’Ottawa et le Théâtre Blanc de Québec, la pièce a été présentée près de 30 fois avant d’arriver à Sherbrooke. Les spectateurs de la région ont donc droit à une pièce rodée au quart de tour, mais surtout, à un fort beau moment de théâtre.
Jusqu’au 20 mars
Au Théâtre Léonard-Saint-Laurent
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