Luk Fleury : Un pas en avant
Le gigueur, chorégraphe et dramaturge LUK FLEURY revient à Tangente pour nous présenter Machines II, un spectacle qui repousse une fois de plus les limites de la danse d’origine folklorique.
À quoi ce titre fait-il référence? "Pour moi, les danseurs de gigue, c’est comme des machines à giguer grandeur nature, précise le chorégraphe. Ce que j’appelle des machines, ce sont en fait les petits bonshommes gigueux [marionnettes] que l’on voit au début du spectacle, et qui sont relayés, par la suite, par les danseurs en chair et en os…" Cette toute dernière création s’inscrit à la suite de Mémoire vive (1999), Pied à terre (2001) et Machines (2003). Elle est donc le fruit d’un travail de recherche gestuelle approfondi durant plusieurs années, dont la pierre angulaire est une réactualisation du vocabulaire de la gigue.
Un esprit novateur
"Mon objectif principal est de nettoyer le folklore de ses clichés. Je fais cela parce qu’il m’apparaît important que les gens oublient toute l’imagerie paysanne qui tourne autour de la gigue. Selon moi, on doit dépasser cette conception poussiéreuse si l’on veut pouvoir apprécier ce style de danse dans son état brut… dans son état sauvage, pour tout le potentiel sonore qu’il recèle." Afin d’y parvenir, Luk Fleury sort la gigue de la musique traditionnelle québécoise pour la plonger, entre autres, dans l’univers techno de la musique électronique. Un mélange plutôt baroque qui donne droit à des petites trouvailles fort intéressantes sur le plan gestuel.
"Une des particularités de mon travail est d’intégrer le haut du corps. Élément novateur car dans la gigue traditionnelle, seul le bas du corps est en mouvement." Pour effectuer cette variation technique, le créateur avoue avoir été inspiré par les mouvements de bras fluides et souvent désarticulés que l’on observe dans les raves. Un ajout qui sied à merveille au corps élancé du chorégraphe-gigueur. Nous pourrons tous en témoigner lors du solo qu’il interprétera à l’intérieur de la suite de petits miniatures qui constitue Machines II.
Les règles du jeu
Le regard du spectateur est important pour Luk Fleury, car cela dirige en quelque sorte la façon dont il conçoit ses spectacles. "Quand je crée, j’établis tout d’abord les règles du jeu, pour pouvoir y déroger ou jouer avec. Ceci par l’intermédiaire du rythme: soit pour le suivre ou pour être en contretemps. Aussi, j’utilise beaucoup la répétition de mouvements, pour laisser au public le plaisir de reconnaître les éléments chorégraphiques qui reviennent tout au long des séquences."
Le discours de cet explorateur du mouvement révèle une grande connaissance de son médium. En effet, il n’en est pas à ses premiers pas de gigue et il a su, au fil des ans, faire apparaître ses propres couleurs. "Je fais de la gigue depuis 1982. J’ai commencé avec les Loups-Garous, dont le directeur artistique avait déjà dansé avec les Feux Follets, dans les années 60. Je suis donc un peu tributaire de la manière de giguer des années 60, qui est plus ouverte et latérale. Contrairement à la gigue des années 80 (et jusqu’à aujourd’hui) qui est plus frontale et fermée… style River Dance. Moi, je préfère la fusion. Je me situe donc entre les deux."
Il est à noter que ce spectacle s’inscrit à l’intérieur d’une soirée partagée dont le thème global est la gigue contemporaine. L’autre pièce présentée est Chaises, de Marie-Soleil Pilette. Une étude chorégraphique sur le rapport entre corps et objet. La chaise, juxtaposée aux autres corps dansants, devient alors à la fois "instrument de percussion", "élément de modulation corporelle" et "danseur".
Du 18 au 21 mars
À Tangente