Without Men! (Ah ouain?) – Pierre-Yves Lemieux : Arrêt sur images
Scène

Without Men! (Ah ouain?) – Pierre-Yves Lemieux : Arrêt sur images

Conjuguant formation d’acteur et études littéraires, PIERRE-YVES LEMIEUX se consacre, depuis quelques années, à l’écriture dramatique. Création, réécriture, traduction: "J’ai toujours un projet en chantier", lance-t-il. Le plus récent? Without Men! (Ah ouain?), dont il signe texte et mise en scène.

Une vidéaste préparant un film interroge cinq femmes, d’âges et d’univers différents. La question de départ: "Peut-on réaliser un projet d’envergure sans homme?". Lorsque la pièce commence, l’artiste en est au montage de son film; les tableaux joués sur scène sont les séquences qu’elle agence. Without Men! (Ah ouain?) peut sembler, au premier abord, déroutante, avance Pierre-Yves Lemieux: "C’est mon spectacle le plus éclaté, au plan de la structure. La pièce ne raconte pas vraiment une histoire; elle présente plutôt une série de portraits sociaux."

"La vidéaste a filmé ces femmes, probablement, pendant des centaines d’heures, explique-t-il. Mais elle choisit seulement certains extraits: les plus provocateurs, évidemment. Très honnête, elle avoue chercher les archétypes. C’est ce que fait aussi la pièce: je ne fais pas le portrait réaliste, psychologique, de cinq femmes, pas du tout. Le projet total, c’est de présenter plusieurs visages de la féminité, de différentes façons: à travers les personnages, mais en utilisant aussi la peinture, la sculpture, et des clins d’œil à l’univers de la mode. En cours de route, je me suis rendu compte que le fait que ce soit juste des filles allait peut-être poser un filtre; mais je n’ai aucune envie de développer un discours féministe. L’idée, c’était de présenter des images très fortes de femmes qui, à la rigueur, n’existent peut-être pas, mais dont le débat nous intéresse."

Puisant dans ce qu’il a observé autour de lui depuis quelques années – "tout ce qui est dans le spectacle, je l’ai entendu", précise-t-il -, l’auteur a voulu créer des personnages qui, peu à peu, se dévoilent. "Ces personnages-là sont très heureux, épanouis dans leur propre sphère; mais sous le regard des autres ou sous notre regard, ils se révèlent autrement. Le spectacle propose des images, les creuse, sans interférer ou juger, pour laisser le spectateur faire ce travail-là. On parle d’éthique, de sélection des gènes, d’habillement au travail, de sexualité, de différences entre les générations… On va vraiment dans toutes les directions."

Pour ce spectacle, Pierre-Yves Lemieux assume aussi la mise en scène, ce qu’il fait rarement. Il y trouve un grand plaisir. "En tant qu’auteur, tu es très souvent seul; c’est parfois un peu lourd. Ce que j’aime de la mise en scène, c’est de me retrouver avec des équipes. J’aime le travail de groupe: avec les comédiennes, avec les concepteurs. C’est un échange très agréable. Un metteur en scène, pour moi, est quelqu’un qui laisse la part de création des autres s’exprimer, et qui en fait un tout. C’est un chef d’orchestre. J’ai toujours exigé ça, en tant qu’acteur, en tant qu’auteur, d’un metteur en scène: qu’il orchestre sans détourner la composition, en l’interprétant évidemment, mais sans changer les notes."

Pierre-Yves Lemieux, assisté de Brigitte Fournier, travaille avec les concepteurs Monique Dion, Jean-Sébastien Côté, Sonoyo Nishikawa, Geneviève Tremblay, Marc Seguin et les comédiennes Lise Castonguay, Érika Gagnon, Marie Gignac, Linda Laplante, Marie-Christine Lavallée, Sophie Martin.

Jusqu’au 3 avril
Au Théâtre de la Bordée
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