Le Malade imaginaire – Entrevue avec Jacques Leblanc : Médecine frousse
Scène

Le Malade imaginaire – Entrevue avec Jacques Leblanc : Médecine frousse

Sous l’œil du metteur en scène Bertrand Alain, JACQUES LEBLANC coiffe avec bonheur le bonnet du malade imaginaire.

Mettant en scène un hypocondriaque alors que l’auteur se sait lui-même atteint d’un mal incurable, Le Malade imaginaire représente la dernière pirouette de Molière. Dernière attaque à l’endroit des institutions, cette fois celle de la médecine, de l’abus de pouvoir de ceux qui la pratiquent, de la crédulité de ceux qui la subissent. Vers la fin de la quatrième représentation, Molière, on le sait, est pris d’un malaise fatal; il mourra quelques heures plus tard.

Comédie sur fond dramatique, Le Malade imaginaire peint le portrait d’Argan, qui dépense une fortune en traitements aussi nombreux qu’inefficaces. Pour se rassurer, il veut même donner pour époux à son aînée, Angélique (Hélène Florent), un médecin. Mais voilà: amoureuse, la jeune fille fera tout, avec la complicité de Toinette (Marie-Thérèse Fortin), la servante, pour refuser le benêt (Stéphan Allard) qu’on veut lui imposer, et épouser celui qu’elle aime (Francis Martineau).

Parmi tous les enjeux de la pièce, Jacques Leblanc souligne la "crédulité de ce personnage très angoissé, sa naïveté. Tout le monde essaie de profiter de lui, de le manipuler; et lui-même, pauvre type, pense qu’il manipule tout le monde. C’est une belle situation dans la pièce, qui apporte souvent le comique. Il y a aussi la vérité du personnage: son angoisse réelle, sa peur des médecins et de la maladie, sa fascination de la mort et d’un lendemain qui sera peut-être meilleur."

Même si le personnage fait rire, le comédien, pour l’incarner, mise sur sa sensibilité, sa sincérité. "On rit, mais il y a beaucoup, dans le Malade, de souffrance, de solitude. Avec la dose comique qu’il faut bien sûr y mettre, l’enrobage moliéresque, j’essaie de le jouer le plus vrai possible, en puisant dans mes émotions à moi. J’ai lu et relu cette pièce-là: je voulais en faire une interprétation personnelle, pas quelque chose de classique."

Plus de 300 ans plus tard, Molière amuse toujours: par la rencontre entre l’angoisse du personnage et le jeu des autres, par les ressorts comiques toujours aussi efficaces.

Le 23 mars à 20 h
À la Salle Maurice-O’Bready
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