Pour faire une histoire courte… : Courtes pointes
Scène

Pour faire une histoire courte… : Courtes pointes

On pourra enfin découvrir sur les planches de la région Pour faire une histoire courte, avec DAVID SAVARD, natif de Dolbeau. Histoire de cette pièce, qui en raconte six en une.

Six coups, six chutes nous arrivent en rafale et nous fouettent l’esprit, nous font rire et nous réchauffent l’espace d’une soirée. Mais si le moment de théâtre est bon, on oublie bien vite ce qu’apportent ces courtes pièces charmantes, fraîches, mais qui grattent plus qu’elles ne creusent. Comme si l’impression générale n’était pas assez forte pour laisser des traces dans nos souvenirs, pour ouvrir des pistes de réflexion au-delà de la farce, pourtant réussie.

Frédéric Blanchette (metteur en scène du fameux Cheech), avec Pour faire une histoire courte…, marque plusieurs points. D’abord, il sait tenir un rythme approprié, dans le texte comme dans la mise en scène. Jamais on ne s’emmerde, et on arrive à cerner les personnages rapidement – ce qui est essentiel pour de courtes pièces – bien qu’ils parviennent toujours à nous surprendre. On ne sent pas la formule; ni la manière d’aborder les numéros, ni la façon de les boucler ne sont prévisibles. Ce qui, bien servi par la polyvalence des comédiens, est un point fort. Comme dans un bon recueil de nouvelles, il y a une unité de ton malgré le caractère hétéroclite des tableaux. La complicité entre les comédiens est frappante et la distribution pertinente. Ensuite, on sent l’intelligence de tout ce monde-là et on reconnaît le respect pour ces personnages. Aucun mépris, et pourtant, il aurait été facile de basculer de ce côté-là à maintes reprises. Donc, beaucoup de talent et beaucoup de finesse. Il suffirait seulement d’aller un peu plus loin, d’interroger davantage nos incohérences et nos habitudes, nos préjugés et nos choix, nos valeurs. Faire court n’est pas une mince tâche.

Blanchette touche plusieurs cordes sensibles en présentant des sketches autour de la psychanalyse, des gens parfaits, des amateurs de sport, de la comédie musicale, et sur un animateur de radio commerciale en qui sommeille un intellectuel qui s’intéresse au fauvisme plus qu’à La Chicane. Le meilleur numéro, qui à lui seul vaut le déplacement, est à mon avis celui où un bulbe chinois suscite un débat sur l’engagement, le recyclage, la "freackerie" et la responsabilité sociale: hilarant et inquiétant! D’ailleurs, certains humoristes tireraient bien quelques leçons de ce spectacle…

Le 25 mars
Auditorium Dufour
Le 26 mars
Auditorium d’Alma
Le 27 mars
Salle Thérèse Plante, Dolbeau
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