Collisions Frontales : Chocs culturels
Scène

Collisions Frontales : Chocs culturels

Le Théâtre de Quat’Sous présente, jusqu’au 27 mars, ses Collisions Frontales offrant en reprise Monsieur d’Estelle Clareton et Trio Métal de Catherine Tardif. Une soirée remarquable qui débute par un court extrait d’une pièce d’un artiste de l’émergence, que les deux chorégraphes d’expérience ont choisi d’encourager. Un différent chaque soir, pour un total de huit en tout. Une généreuse initiative de la part de ces deux femmes qui, malgré leur feuille de route bien remplie, ont préservé une inventivité rafraîchissante qu’on reconnaît souvent, justement, aux jeunes créateurs.

Le vendredi 19 mars, c’est Karine Denault qui ouvrait la soirée comme invitée avec un extrait d’Échine barricade, pièce caractérisée par une gestuelle ultra-fluide, articulaire et spatiale. Depuis la création de ce solo, en 2002, plusieurs modifications sont venues raffiner le phrasé chorégraphique. Ce fut donc un plaisir renouvelé de voir évoluer dans l’espace cette prestidigitatrice du mouvement.

Monsieur – incarné par un Sylvain Lafortune convaincant – s’est avéré une fusion réussie des deux pôles artistiques que sont le formalisme et la théâtralité. La virtuosité et l’expérience du danseur sont venus enrichir le propos de cette pièce qui se déroule à l’intérieur d’une scénographie représentant à la fois une arène de boxe, un circuit d’athlétisme et l’espace encadré que l’on retrouve dans plusieurs toiles de Francis Bacon. Le regard ironique et intelligent posé par la chorégraphe sur l’univers de la danse fait naître des tableaux tout aussi touchants que d’une grande richesse formelle. Par exemple: les nombreux solos de Sylvain Lafortune, alliant le langage classique aux pas de boxe, et les quelques pas de deux qu’il effectue en compagnie de la danseuse Julie Marcil – et à la toute fin avec une chaise! Émouvant.

Le soirée se termine avec un Trio Métal décapant, qui nous présente l’expression corporelle vécue par des "gars". Ce lyrisme volontairement maladroit, soutenu par une trame sonore crue à saveur heavy métal, sert à illustrer une série de clichés et caricatures tirés du quotidien masculin. Catherine Tardif fait preuve d’un sens de l’observation ahurissant en nous présentant ces scènes de vie d’un réalisme à se rouler par terre.

Un long programme (près de deux heures) qui sait toutefois nous tenir en haleine jusqu’à la fin.

Jusqu’au 27 mars
Au Théâtre de Quat’Sous
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