Iphigénie ou le péché des dieux : Conflit de générations
Scène

Iphigénie ou le péché des dieux : Conflit de générations

Mourir pour rien. Voilà qui trouve résonance en nous à la suite des événements politiques récents. D’où l’idée de présenter au Théâtre Denise-Pelletier une version d’Iphigénie de Michel Azama dans une mise en scène de Lorraine Côté.

Si les adolescents peuvent facilement se sentir interpellés par le sacrifice de la jeunesse au profit de la guerre, il n’est pas dit que cette production du Théâtre Niveau Parking les rejoindra. Outre une ouverture assez racoleuse où des dieux se vautrent dans la luxure sur un rythme lounge (très belle bande sonore d’Yves Dubois), il n’y a pas beaucoup de contemporanéité dans cet Iphigénie. On y perçoit presque un souci de reporter sur scène une tradition qui n’a plus vraiment sa place.

On se demande d’ailleurs pourquoi avoir choisi un ton déclamatoire pour dire les mots d’Azama. L’auteur semble pourtant vouloir transposer le mythe dans une réalité nouvelle en choisissant une syntaxe plus mordante. Or, c’est tout l’inverse qu’on nous présente, alors que les acteurs psalmodient le texte et que la mise en scène souligne tous les aspects usuels de la tragédie grecque. On y retrouve une panoplie de personnages très typés, du visionnaire aveugle au vieillard, en passant par une Artémis drapée et un Achille pointant son arc. Le décor de Christian Fontaine suggère quant à lui l’orchestra, alors que l’autel servant également de vomitoire se dresse au centre d’un espace en demi-cercle.

Outre cette reconstitution discutable, le souffle collectif savamment travaillé de cette pièce présente un certain intérêt. Tous les acteurs portant le même costume, le chœur qu’ils forment se fait et se défait sous nos yeux, alors que ses membres s’échangent successivement le rôle des protagonistes. Les transitions qui en résultent sont souvent étonnantes. Sans plus.

Fait intéressant, le Théâtre Denise-Pelletier fait revivre pour notre plus grande joie le "lever de rideau" (une courte pièce présentée avant le lever du rideau par une compagnie sans lien apparent avec la production présentée). Ici, Eugène Théâtre présente chaque soir Tout le monde, un chœur urbain tout à fait jouissif de Caroline Binet. Soirée contrastée…

Jusqu’au 3 avril
Au Théâtre Denise-Pelletier
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