Le Contrat : Bain de foule
Scène

Le Contrat : Bain de foule

À la barre du Pont Bridge depuis 1993, Carole Nadeau dévoile sa dixième création. Poursuivant son singulier et captivant parcours, elle propose une vision très personnelle d’un western psychanalytique signé par l’un des maîtres du roman noir contemporain, Tonino Benacquista.

Au cœur d’une démarche multidisciplinaire qui rendrait fou (ou extatique) le plus féru des sémiologues, Carole Nadeau possède tous les outils nécessaires à la verbalisation de son travail. Si ses spectacles peuvent paraître intellectuels, ils se révèlent aussi ludiques que réfléchis. Tirant habilement profit des ressources technologiques mises à sa disposition, la créatrice invente des mécanismes illusionnistes chaque fois plus complexes et fascinants. Alors qu’elle avait pris, depuis la fondation de sa compagnie, l’habitude de réaliser des collages textuels, la directrice du Pont Bridge semble maintenant s’intéresser à des partitions théâtrales plus traditionnelles. Après avoir orchestré une habile appropriation de la pièce de Normand Chaurette, Provincetown Playhouse, juillet 1919, j’avais 19 ans, elle nous fait entrer dans un parcours-installation inspiré du seul texte de théâtre signé par le romancier français Tonino Benacquista: Le Contrat.

Pour éclater la forme conventionnelle de cette rencontre tendue entre un chef de gang et un psychanalyste forcé de l’analyser, la metteure en scène a choisi de multiplier le couple. Ainsi, le saugrenu duo lié par un double contrat (analytique et meurtrier) est ici fragmenté dans les corps et les voix de huit acteurs (dont Normand Helms, Dominique Leduc et Dominique Quesnel). Des comédiens qui guideront les spectateurs (divisés en quatre sous-groupes) dans les moindres recoins d’une inquiétante clinique de biotechnologie (en réalité, un ancien bain public dont le verre et la céramique évoquent à merveille le cadre médical). Les échanges des psychanalystes et des patients seront ponctués de projections vidéo et d’installations diverses. Un espace qui devrait offrir d’étonnantes résonances aux dilemmes existentiels des personnages.

Le Contrat pourrait bien déboucher sur une réflexion débridée à propos de la crise identitaire contemporaine. Notre critique la semaine prochaine.

Jusqu’au 10 avril
Au Bain Mathieu
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