Nathalie Barabé : Sans domicile fixe
Scène

Nathalie Barabé : Sans domicile fixe

Si Nathalie Barabé s’apprête à donner le coup d’envoi à sa compagnie, Mazu Théâtre, la jeune et polyvalente artiste n’est pas une débutante pour autant. Depuis qu’elle a terminé son baccalauréat en art dramatique à l’UQAM, en 1993, elle a œuvré au sein de trois spectacles qui ne sont pas passés inaperçus. Après avoir réalisé un collage intitulé Parfums de soufre, adapté La Noia de Moravia et mis en scène La Princesse blanche de Rilke, elle dirigeait l’année dernière, à la Balustrade du Monument-National, la lecture de son premier texte de théâtre: La peur n’a pas saisi Lucie. "Je ne m’attendais pas à ce que les gens rient et soient touchés à ce point, précise-t-elle. J’avais l’impression de m’adresser davantage aux femmes, d’avoir écrit une pièce de fille. J’avais tort. Autant d’hommes que de femmes se sont identifiés à cette histoire. J’ai considéré cette réaction comme un grand compliment." Forte du chaleureux accueil reçu dans le cadre de ce laboratoire, la directrice entreprend de produire la pièce avec sa compagnie.

L’anecdote en est simple: deux femmes, colocataires dans la trentaine, vivent des expériences amoureuses opposées. Alors que Marina vient de rompre avec son amoureux, Lucie doit faire face au retour inattendu de Ludovic, un ami d’enfance qu’elle n’a pas oublié. En signant ce "drame domestique", l’auteure pose une réflexion sur les difficultés affectives de sa génération. Tout à fait consciente de la récurrence actuelle de cette thématique, à la télévision comme en littérature, elle considère malgré tout avoir quelque chose de neuf à ajouter. "Je ne suis pas la seule à m’interroger sur les valeurs actuelles du couple et de la famille, mais je le fais selon mon point de vue. Mon écriture est personnelle, mais jamais autobiographique. J’explore davantage les différents états traversés par les personnages qu’une quelconque linéarité dramatique. Si les gens s’y reconnaissent autant, ça prouve que toutes ces questions sont plus que jamais dans l’air du temps."

Pour donner vie à sa première pièce, Nathalie Barabé a su bien s’entourer. En plus de retrouver Mathieu Marcil aux éclairages, elle collabore à nouveau avec le scénographe David Gaucher. Habitué aux grandes salles, celui-ci a redoublé d’imagination pour mettre de la poésie dans l’espace exigu de La Petite Licorne et camper l’action dans un environnement affranchi du réel. Alors que la comédienne Anie Pascale est une vieille complice de la metteure en scène, Valérie Cantin et Patrick Baby travaillent pour la première fois sous sa direction.

Lorsqu’on lui demande si elle regrette de ne pas être de la distribution, la créatrice répond spontanément: "Je suis tellement plus utile et confiante dans le rôle de l’auteure-metteure en scène que dans celui de l’actrice. J’ai l’impression très nette que ce spectacle me ressemble vraiment. Je ne cherche plus maintenant à correspondre à quoi que ce soit d’autre qu’à mon univers." Voilà un credo qui promet!

Jusqu’au 5 avril
À La Petite Licorne
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