Romania III : Bien-être social
Scène

Romania III : Bien-être social

Prendre le parti de ridiculiser sa patrie au risque de se ridiculiser soi-même, voilà qui ne manque pas d’audace. Même si c’est pour illustrer une page d’Histoire. C’est le défi que relève Christina Iovita avec Romania III, pièce qu’elle présente ces jours-ci au Théâtre Prospero.

Ce texte, Iovita l’a écrit en trois farces illustrant les grandes phases de l’avènement du communisme en Roumanie, soit la mort des idées, la révolution et l’exil. La première nous situe dans un théâtre où un secrétaire général de propagande communiste viendra faire un compte rendu des activités artistiques d’une troupe amateur. Métissant la commedia dell’arte et le jeu comique, cette première partie nous entraîne dans un feu roulant de gags nous montrant la soumission des Roumains sous le régime. La comédienne Nathalie Costa y livre d’ailleurs un numéro digne de mention dans le rôle de l’artiste adaptant son discours au bon vouloir du propagandiste, tandis que nous avons droit à un hilarant récital de poésie de Madeleine Péloquin, Julie Gagné et Fanny Weilbrenner. Le dosage d’énergie est époustouflant, alors que les mouvements de groupe souvent savoureux alternent avec des moments de flottement réussis.

La deuxième partie brosse un portrait moins caustique d’une Roumanie qui se prépare à être libre. Ce changement de registre surprend, les masques tombent, et nous nous retrouvons devant une scène moins loufoque où tous attendent l’exécution du dictateur à la télévision. Si ce fragment est moins réussi que le premier à cause peut-être de certaines longueurs ou d’une agressivité mal canalisée, il n’en demeure pas moins que le message porte. Les nouveaux libres prennent la place des loups.

La pièce se referme sur deux gueux arpentant les chemins de l’Europe, s’appuyant littéralement sur des ruines, pancarte au cou, cherchant le moyen d’attirer l’attention des passants qui leur préfèrent… les Bosniaques. "Parce qu’ils sont en guerre, eux." On rit jaune, on s’émeut à l’écoute des chants roumains, ceux de la révolte, ceux de la désillusion. On s’attendait peut-être à plus incisif, mais on en sort quand même un petit peu moins… mouton.

Jusqu’au 17 avril
Au Théâtre Prospero
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