Howie le Rookie : Bagarres et jeu dans l’espace
Présentée à La Licorne en 2002, Howie le Rookie, de l’Irlandais MARK O’ROWE, sera de passage au Périscope, du 13 au 17 avril. Entrevue avec MAXIME DÉNOMMÉE, à qui le rôle de Rookie a valu le Masque de la meilleure interprétation masculine.
"C’est une histoire en deux temps, racontée tour à tour par Howie Lee [Claude Despins] et Rookie Lee, deux bums de ruelle qui, pour se sentir vivants, boivent, se tiennent dans les pubs et se battent. Ils se prennent un peu pour des vedettes de cinéma, aussi. En fait, c’est comme un film d’action raconté, observe Maxime Dénommée, qu’on a récemment pu voir dans Grande Ourse. Ce qui est très fort et ressort beaucoup du show, c’est le pouvoir de l’évocation; on est là, tout seuls, on raconte ça, et chacun se fait son film dans sa tête, tout le monde a ses images." Un phénomène favorisé par le caractère très direct du texte d’O’Rowe, traduit ici par Olivier Choinière et mis en scène par Fernand Rainville. "C’est raconter au présent, explique-t-il, alors on vit à mesure tout ce qui nous arrive et les gens suivent l’action au moment où elle se produit." C’est donc ainsi que se dessine l’aventure de son personnage, "un gars qui n’a pas de chum, mais pogne avec les filles et en profite", de même que la rédemption de son homonyme, qui le prendra finalement sous son aile.
Mais si, de prime abord, un monologue de cette ampleur représentait un beau défi pour le comédien, il n’en était pas pour autant certain que la violence de la pièce passerait bien les feux de la rampe. "Les images sont très fortes et on avait peur que les gens sortent, se souvient-il. Finalement, en la faisant, on a découvert l’humanité de ces personnages-là. C’est très cru, mais les gens voient, dans la façon dont on les joue, qu’ils sont vulnérables, que leur attitude n’est qu’un front." Pour cela, il devenait nécessaire de bien doser l’interprétation. "On s’est rendu compte qu’il ne fallait pas juste livrer le texte pour choquer, provoquer; on l’a fait avec plein de nuances", précise-t-il. Une bonne façon de rejoindre l’assistance, dont le rôle s’avère d’ailleurs primordial. "À un moment donné, c’est magique, tu sens les gens, commente-t-il. Le public est vraiment le deuxième personnage, alors quand il n’y a pas de réponse, c’est très dur. Mais des fois, il est silencieux et écoute autant."
Enfin, de la même façon que la réception, le passage du temps n’est pas non plus sans effet sur le spectacle, et à plus forte raison alors que l’équipe le reprend deux ans après sa création. "Les images sont encore plus claires, les personnages plus incarnés, remarque l’interprète. Pour moi, par exemple, c’est son côté arrogant… Ce sont des choses dures à assumer au départ parce que c’est gênant, mais si tu ne le fais pas, ça ne marche pas." C’est donc le prix à payer pour atteindre l’objectif qu’il poursuit en montant sur scène, c’est-à-dire raconter une bonne histoire. "J’essaie de vivre la situation au moment présent, et encore plus avec cette pièce-là, où il faut vraiment voir chaque image pour que les gens les voient, confie-t-il. Je veux faire vivre des choses aux spectateurs, qu’ils voyagent et qu’ils sortent de là en ayant perdu leurs préjugés face à ces personnages, en s’étant attachés à eux. Bref, qu’il y ait eu une rencontre." Autant dire que c’est un rendez-vous.
Du 13 au 17 avril
Au Théâtre Périscope
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