Dave St-Pierre : Bombe sexuelle
Scène

Dave St-Pierre : Bombe sexuelle

Voici le retour tant attendu du chorégraphe DAVE ST-PIERRE. C’est à Tangente qu’il présente sa nouvelle création La Pornographie des âmes, une œuvre-choc où Thanatos flirte dangereusement avec Éros.

À travers cette pièce qu’il considère comme sa troisième création – les deux premières étant Aide-mémoire pour le prochain millénaire et le No Man’s Land Show -, l’artiste montréalais Dave St-Pierre poursuit ce qu’il appelle son "cycle de destruction". Qu’est-ce qui peut bien justifier un tel élan de violence de la part d’un jeune homme dont la physionomie se rapproche de celle d’un gamin au regard angélique? "J’aime ce type d’énergie, parce que je crois que pour se sentir en vie, il faut qu’il se passe quelque chose de marquant… un choc violent. Pour moi, la passion est un choc violent."

Le chorégraphe tient à ce que ses interprètes restent constamment sur une sorte de qui-vive ou de position instable, dans le processus de création comme sur scène. À cet effet, il a instauré un mode de représentation qui n’est pas fixe. "Ma pièce est construite sous forme de tableaux vivants qui peuvent être interchangeables, explique-t-il. Je me donne le droit, chaque soir, d’en rajouter, d’en modifier, d’en déplacer ou d’en évacuer un… ou plusieurs."

Pour trancher entre une proposition chorégraphique retenue ou non, il utilise une technique particulière, qui relève toutefois d’un réflexe très humain. "Je regarde la séquence. Si ça me donne des frissons, je la garde. Sinon, on passe à autre chose. Même chose pour mes choix musicaux." Cela donne un effet plutôt spectaculaire sur scène. Mais il s’agit d’un spectaculaire de l’impossible qui se situe "on the edge" et qui nous amène davantage vers une monstruosité sublime que vers le vide d’un artifice simplement bien monté.

La Pornographie des âmes est un work in progress dont l’aboutissement est une présentation, en octobre et novembre prochains, à Munich et Francfort. L’évolution du travail sera facilitée par deux résidences offertes par Francine Bernier, de l’Agora de la danse. La première, d’une durée d’une semaine, se déroulera durant la période de spectacle à Tangente: tous les jours, de 12 h à 17 h, les artistes seront en création et en répétition; le soir, ils seront en spectacle. La deuxième résidence, d’une durée de deux semaines, se tiendra cet été.

Il semble que Dave St-Pierre soit présentement sur une lancée qui l’amènera de plus en plus à tenir le rôle d’émissaire de la création contemporaine montréalaise sur la scène internationale. Il nous a prouvé jusqu’ici qu’il possédait les atouts pour le faire. Son œuvre singulière se démarque nettement du lot en imposant un style qu’on reconnaît dans chacune de ses créations. Il est toutefois intéressant de constater que la particularité de ce style n’est pas nécessairement tributaire d’un travail sur l’écriture chorégraphique, mais qu’elle est due à un sens remarquable de l’agencement énergétique et visuel des tableaux qu’il met en place. À ce compte, il est une sorte de poète de l’image frappante.

Du 21 au 25 avril
À Tangente