L’Ogrelet : La grève de la faim
Pas que Robert Lepage qui fait le tour du monde. Après des escales au Mexique, en Italie et en France, L’Ogrelet, production gagnante de deux Masques en 2000, revient sur nos scènes. Mireille Thibault, qui a incarné son personnage en quatre langues dans plusieurs pays, semble émerveillée comme une enfant à l’idée de remonter sur les planches à Montréal.
L’Ogrelet, un petit garçon médusé par sa première journée d’école, apprend qu’il a hérité de l’"ogreté" de son père. "Sa mère voudra le cacher plus profondément dans la forêt alors que lui décidera de se guérir à travers des épreuves, explique la comédienne. C’est une histoire qui me bouleverse encore parce que le sujet est tout sauf banal." Effectivement, le texte de Suzanne Lebeau ne se contente pas de parler de la confrontation du bien et du mal; l’auteure situe cette confrontation à l’intérieur même du personnage, façon habile de parler de la brutalité inhérente à l’être humain. L’enfant doit contenir son instinct auprès d’un coq, d’un loup et… d’un autre enfant! "C’est évident qu’un enfant fait la lecture qu’il peut, explique Mireille Thibault. Mais la tension est souvent très palpable. On sent que les enfants y sont confrontés à leur propre agressivité."
Le succès international de cette production repose également sur la grande qualité de sa conception. "Je savais qu’il y avait quelque chose dans ce projet qu’il ne fallait pas laisser passer", affirme la comédienne emballée de jouer sous la direction de Gervais Gaudreau. "Dans la découverte des éléments de ce spectacle, François (Trudel) et moi allions d’émerveillement en émerveillement. La scénographie donne l’impression d’une boîte à musique. L’effet est saisissant. J’en parle et j’ai la chair de poule, nous confie avec candeur la comédienne. Et l’écriture très directe de Suzanne Lebeau offre des passages d’une émotion à une autre en deux répliques."
Loin donc du genre didactique habituel, Le Carrousel cherche depuis ses débuts à faire du théâtre pour enfant un art qui ne serait plus considéré comme une sous-catégorie. "Je crois aussi que les enfants ont droit à la même qualité et à la même rigueur que le public adulte, renchérit la comédienne. Ce ne sont pas les spectateurs de demain; ils sont spectateurs, aujourd’hui!"
Jusqu’au 25 avril
À la Maison Théâtre
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