Extinction : Retour à la terre
Scène

Extinction : Retour à la terre

Le tandem Lin Snelling et Michael Reinhart poursuit sa "quête humanitaire" en nous présentant un autre espace de contemplation. Après nous avoir fait découvrir la richesse du territoire et de la culture inuit du Nunavut avec le Qabaret QUARAALUKTUQ, les deux artistes nous proposent un voyage au cœur des Prairies canadiennes avec leur toute dernière création, Extinction.

C’est pendant un séjour de plusieurs semaines sur une ferme de la Saskatchewan que le projet a pris forme. Ils en sont revenus avec des images, des sons et des artefacts qu’ils ont décidé d’utiliser comme matériau sur scène. Cette chorégraphie-documentaire de nature multidisciplinaire allie le travail de la peintre Lorraine Pritchard à la danse de Lin Snelling et au design sonore et visuel de Michael Reinhart.

La danseuse effectue, dans un décor composé de vieux meubles et de fragments de bois et d’os, des mouvements qui peuvent par moments rappeler le vent dans les cheveux ou le blé qui ploie dans la plaine, et qui nous renvoient au vide immense qu’est l’espace de résonance des corps. Une conception vidéo projetée sur des plates-formes contrastant avec le mur du fond de scène et un background musical partiellement improvisé en temps réel par le compositeur enrichissent l’œuvre sans trop la surcharger. Un dosage efficace dont Lorraine Pritchard capte l’essence avec un feutre sur de grandes feuilles disposées sur un chevalet tout au long du spectacle. Le bruit du crayon sur la surface de papier nous rappelle constamment sa présence de voyeur-vu. Un rôle qui réfère à la notion de réception de l’œuvre que notre position de spectateur implique – de manière habituellement plus inconsciente que consciente.

Extinction, en plus d’être une œuvre mature, est une position politico-artistique en faveur du travail de la terre. Un mode de vie qui tend à se perdre à cause du rapport mercantile qui ne favorise plus un marché équitable, basé sur le respect. C’est qu’il n’y a pas que dans les pays sous-développés qu’on rencontre le phénomène d’exploitation de l’homme par l’homme. À titre d’exemple, le pain qui se retrouve sur notre table, me fait remarquer Michael Reinhart lors d’une discussion, ne rapporte même pas 2 cents à un producteur d’ici; pourtant, il se vend près de 2 dollars au marché du coin…

Du 15 au 24 avril
À l’Usine C
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