Geneviève L. Blais : Ivresse des profondeurs
Scène

Geneviève L. Blais : Ivresse des profondeurs

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Geneviève L. Blais n’a pas froid aux yeux. Après avoir amorcé des études en droit à l’Université Concordia et terminé un baccalauréat en art dramatique à l’UQAM, elle accède au convoité programme de mise en scène offert par l’École nationale de théâtre. Finissante en 2003, elle donne le coup d’envoi à sa propre compagnie, le Théâtre à corps perdus, avec Quelques éclats de verre.

Fascinée depuis cinq ans par une pièce du dramaturge allemand Botho Strauss intitulée Grand et petit, la jeune femme en signe une adaptation qui galvanise ses obsessions artistiques. S’appuyant sur cette partition fragmentée pour sept acteurs-danseurs, elle orchestre une représentation qui sort radicalement des sentiers battus. Une originalité qui s’incarne aussi dans le choix d’un établissement. Comme l’explique la metteure en scène, "la pièce aborde l’errance d’une femme qui a quitté son mari et une existence en ruine. Voilà pourquoi nous avons, ma scénographe (Déline Pétrone) et moi, choisi d’ancrer cette solitude dans le contexte d’un bar. Un lieu qui incarne la détresse et le besoin d’entrer en contact avec l’autre".

Ainsi, dans un environnement sobrement travesti par les concepteurs (Lucie Bazzo aux éclairages et Éric Forget au son), les acteurs évoluent au sein même des spectateurs. Sous les auspices d’un D.J., la soirée avance et l’intériorité des personnages affleure. La créatrice, depuis toujours inspirée par la capacité des corps à dialoguer, emploie le potentiel physique de ses polyvalents interprètes (Pascal Auclair, Annie Berthiaume, Gaël Bescond, André Doucet, Katia Gagné, Frédéric Gagnon et Vincent Guillaume Otis) pour révéler chez les protagonistes les tensions les plus profondément refoulées. "C’est un spectacle où presque tout passe par le corps, dit-elle. Quand le langage ne suffit plus, les gestes expriment des états que les personnages aimeraient mieux ne pas révéler. En observant où la musique mène chacun d’eux, on accède à leurs crises respectives." Geneviève L. Blais prône un théâtre qui s’acharne à donner forme à l’invisible, à tracer les contours de l’irrationnel. Voilà un engagement qui pourrait bien mener à un résultat des plus étonnants. Réservations: (514) 495-0027.

Jusqu’au 13 mai
Au bar Le 980
(980, rue Rachel Est)