Le Nid – Entrevue avec Nathalie Pernette : Le cri primal
Scène

Le Nid – Entrevue avec Nathalie Pernette : Le cri primal

La Salle Multi reçoit la visite de la chorégraphe d’origine française NATHALIE PERNETTE, qui vient nous présenter sa création Le Nid. Une œuvre singulière dont le point de départ est une réflexion sur la peur.

"L’homme n’a peut-être pas si peur de la mort que ça, me dit Nathalie Pernette en début d’entrevue. Je crois, comme un ami psychologue me l’avait affirmé un jour, que ce dont nous avons le plus peur, c’est de vivre…" Selon cette artiste européenne, cette peur serait plutôt celle qui implique l’éloignement par rapport à la matrice et qui nous oblige à mener notre chemin seuls, à faire des choix et à en assumer pleinement la responsabilité.

L’objectif principal de son projet chorégraphique est de faire ressentir au public les différents états se rapportant au thème exploré. Dès que le spectateur entre en salle, il est plongé dans une atmosphère qui ressemble à l’intérieur du ventre de la mère porteuse: l’éclairage est rouge et sombre et la trame sonore est composée de bruits filtrés. La conceptrice joue sur l’ambivalence des sentiments, car quoique cette simulation de l’espace utérin puisse nous rappeler un certain confort rassurant, il n’en devient pas moins, par moments, inquiétant. "L’inquiétude se situe là où on ne peut définir les choses", ajoute-t-elle. La scénographie hybride conçue à partir d’un nombre effarant de toutous en peluche juxtaposés à un tas de tuyaux sert également à mettre en relief ce contraste indescriptible entre la douceur candide de l’enfance et le côté organique, viscéral et mystérieux de ce qui permet à cette enfance de voir le jour.

"Durant les 30 premières minutes de la pièce, explique Nathalie Pernette, le spectateur expérimentera sans trop s’en rendre compte et de manière progressive une montée de l’angoisse, de l’inquiétude. Ceci débouchera ensuite sur une décharge d’adrénaline, un choc qui devrait secouer le public." La gestuelle développée par les interprètes lors du processus de création est sûrement le moteur de ce crescendo d’intensité. Car elle permet une métamorphose corporelle progressive des danseurs, qui se situent ici quelque part entre l’homme et l’animal. "Nous les appelons "les créatures", poursuit la chorégraphe. Ces formes doivent leur apparition à une analyse du mouvement animal qu’on a effectuée lors de visites organisées dans divers zoos."

Cette création d’envergure doit le succès de son effet à une étroite collaboration entre musique, éclairages, scénographie et chorégraphie. D’ailleurs, Nathalie Pernette m’a avoué que la scénographie avait été conçue par ses parents, Nicole et Daniel Pernette. Je n’ai pu m’empêcher de voir, ici, un lien autobiographique avec le titre. "En effet, c’est avec mes parents que j’ai commencé à danser", confie-t-elle. Mais aussi, il s’agit de la dernière de ses pièces dans laquelle elle apparaîtra également comme interprète. Elle a donc décidé de prendre un certain recul, maintenant. De quitter en quelque sorte le "nid scénique" pour assumer le rôle de créatrice à part entière. Un choix difficile, épeurant autant qu’excitant!

Les 29 et 30 avril et le 1er mai à 20 h
À la Salle Multi
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