Jolis deuils : Contes urbains
Scène

Jolis deuils : Contes urbains

Ces Jolis deuils campent des histoires d’amour et de mort, des passions extraordinaires et des réalités quotidiennes douloureuses et aliénantes. S’appuyant sur une dizaine de contes publiés par Roch Carrier en 1964, les créateurs de Kobol Marionnettes et le metteur en scène Michel Bérubé ont développé un imaginaire exceptionnellement riche, une proposition esthétique si cohérente qu’elle parvient sans difficulté à faire oublier la fragilité des liens unissant les différentes péripéties de cette galerie de personnages en perte d’identité.

Dans leurs habits élimés de serveurs, Louis Ayotte, Pier Dufour et Marcelle Hudon dressent les tables d’un repas tout aussi funeste que ludique. Puisant à l’expertise dont ils ont brillamment fait la preuve avec Eko et Îlo, ils communiquent cette fois la vie à de cadavériques protagonistes. Décharnées, cernées et presque chauves, les créatures de Mathieu René et Mario Tremblay s’avèrent à la fois effrayantes et attachantes. Dès les premières minutes du spectacle, notre angle de vision se resserre sur leurs mouvements et nous entrons dans un univers merveilleux dont l’ambiance est étayée par les superbes musiques de Jean-François Léger et les lumières oniriques de Nancy Longchamp. Certaines manipulations impressionnent à un point tel qu’on est tenté de les qualifier de performances d’acteurs. Les manipulateurs n’hésitent d’ailleurs pas à utiliser leurs propres membres pour donner de la chair et de l’humanité aux êtres inanimés qu’ils investissent. Parmi eux, Marcelle Hudon offre plusieurs des bons moments de la soirée (notamment sa virtuose interprétation d’un savant fou, qui déclenche l’hilarité générale).

Pour cette nouvelle création, les artisans de Kobol ont osé changer leurs méthodes en s’inspirant de textes préexistants et en faisant appel à un metteur en scène plutôt néophyte en matière de marionnettes. Si ces choix comportaient une part de risque, le résultat se révèle plus que concluant. Ces Jolis deuils démontrent que les contes aigres-doux de Roch Carrier possédaient toutes les qualités pour servir de matière première aux émouvantes figurines de la compagnie et que Michel Bérubé était tout désigné pour en diriger le ballet.

Jusqu’au 8 mai
À la Salle 2 de l’Espace Go
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